Agnès Buzyn, ministre de la Santé et des Solidarités, a profité de ses traditionnels voeux à la presse, mardi 28 janvier, pour dresser un bilan de son action et des projets à venir.
Un projet de loi chiffré et financé en... 2020
Agnès Buzyn a rappelé lors de ses voeux à la presse que son ministère couvrait un champ d'action large, de la petite enfance au grand âge, ce qui lui permet « d'embrasser toutes les politiques sociales, d'être au rendez-vous de la prévention et de l'intervention la plus précoce possible, de traiter les nouvelles vulnérabilités, de renforcer l'universalité des risques à couvrir, de mieux traduire la prise en compte de tous les parcours de vie et le besoin de personnalisation de nos modes d'intervention ». (...) « Notre rôle et notre responsabilité, c'est de consolider un lien social qui s'était fragilisé. C'est aussi de regarder sans fléchir les défis qui nous attendent puisqu'ils sont en réalité déjà là, déjà devant nous ».
Les défis du grand âge
« Notre société change de visage » , a insisté la ministre, confirmant des chiffres et une réalité déjà connus. En 2030, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans, cela devrait être le 1er point de bascule à anticiper.
Malgré les doutes exprimés des professionnels, la ministre a confirmé qu'un projet de loi, chiffré et financé, serait présenté à l'été 2020, faisant suite à une nouvelle concertation avec le secteur et les collectivités territoriales. « Ce sont des garanties très fortes apportées au plus haut niveau de l'Etat », a t-elle ajouté. Les sujets sont vastes, des habitats intermédiaires aux métiers, en passant par la place de l'EHPAD. Si le rapport Libault a souligné les points de vigilance, il n'a pas proposé de mises en oeuvre concrètes. « Nous travaillons actuellement sur ces sujets » fort nombreux.
Et la ministre de rappeler les points qu'elle entendait défendre durant les trois prochains mois : l'absorption par le secteur de l'aide à domicile du choc démographique à venir, qui doit passer par une coordination de l'accompagnement et du soin, la limitation du nombre d'intervenants à domicile et une garantie de services.
Changer de braquet
« L'entrée en EHPAD doit devenir une exception ». L'EHPAD doit être recentré sur la prise en charge des besoins les plus lourds, ce qui nécessitera une fusion des financements soins et dépendance, une augmentation des personnels de soins, seule façon de garantir une progression du taux d'encadrement en personnel dans les EHPAD, et un plan d'investissement massif de rénovation et de construction d'EHPAD. Enfin, « nous voulons baisser le reste à charge des familles les plus modestes. La crainte de peser sur leurs enfants ou leurs petits enfants est très régulièrement mentionnée par les français lorsqu'ils sont interrogés sur leur avenir dans le grand âge. »
Transformer les représentations
C'est par la prévention que la ministre entend changer les représentations du grand âge. Comme elle l'a déjà dit lors de la présentation du programme « Vieillir en bonne santé » (lire notre article), « La perte d'autonomie n'est pas une fatalité et la dépendance n'est pas un âge de la vie ». Elle se prévient en agissant sur les déterminants de santé.
Agnès Buzyn entend créer un État social moderne, qui anticipe et prévient les nouveaux risques. C'est la condition de la prospérité sociale, d'une société où chacun trouve sa place, réduisant les inégalités. Améliorer cet État social, c'est aller vers les personnes et renforcer l'universalité des droits et des prestations.