Si chez les Fleming vous préférez Ian, et son fameux agent 007 au permis de tuer, vous êtes probablement de bonne compagnie.
"Une découverte opportune"
Toutefois rangez votre Walther PPK en lieu sûr et terminez votre coupe de Don Pérignon 1955 car c'est de son contemporain et compatriote Britannique Alexander que je souhaite vous entretenir ici. Quand en 1901 Alec, c'est son diminutif, entreprit ses études de médecine, après quatre ans passés dans une compagnie maritime, il était considéré à 20 ans comme âgé ce qui relativise le concept. Ce microbiologiste de passion grandit sous l'aile de son mentor irlandais Almroth Wright chercheur enthousiaste mais homme assez rustique qui disait par exemple " Il faut traiter les femmes avec la courtoisie due aux être intellectuellement inférieurs ". Tout n'était pas parfait en ce début de XXe siècle.
Plus éclectique que son maître Fleming devint aussi chirurgien. Il commença à approcher le monde fongique qui allait faire sa gloire en travaillant sur la prévention des infections chez les blessés de la grande guerre.
Champignons et bactéries
C'est au décours de ses vacances estivales de 1928 que sa vie bascula. Chercheur brillant mais un peu désordonné il partit en laissant ses cultures de staphylocoques exposées. A son retour il retrouva ses boîtes contaminées par les fongiques de son collègue mycologue CJ La Touche, merci à lui, qui travaillait dans le bureau au-dessous, sur l'origine de l'asthme dans l'habitat.
Fleming constata que ces contaminants avaient inhibé la croissance des bactéries et ainsi naquit la pénicilline. On sait depuis peu qu'il s'agissait de souches de Penicillium rubens et non de P. chrysogenum comme on le crut longtemps. Lors du discours de remise de son prix Nobel en 1945, il dit : " Mon seul mérite est que je n'ai pas négligé l'observation et que j'ai poursuivi le travail comme un bactériologiste ".
Il ajouta aussi ces phrases qui résonnent fortement aujourd'hui : " Le temps peut venir où la pénicilline pourra être achetée par n'importe qui dans les magasins. Ensuite, il y a le fort danger que l'homme non instruit utilise des doses insuffisantes, et, en exposant ses microbes à des quantités non létales de la drogue, les rende résistants ". Aujourd'hui les projets, alliances et coopérations internationales de toutes sortes essaient d'éviter que nous n'entrions dans l'ère post antibiotique que l'on redoute tant et qui nous menace faute de nouveau Fleming à opposer à la multitude d'utilisateurs non instruits.
Aussi, limiter la diffusion des bactéries multirésistantes (BMR), et maintenant hautement résistantes émergeantes (BHRe) aux antibiotiques, prend encore plus de sens. C'est pourquoi l'OMS a fait de ce thème celui de sa journée mondiale de l'hygiène des mains, le 5 mai 2014. Le slogan est fort : " Pas d'action aujourd'hui, plus de traitement demain " et la directive simple " Faites des 5 moments de l'hygiène des mains, un atout de la protection des patients vis-à-vis des BMR ".
Et vous, saurez-vous tirer un tel profit de vos petits défauts ?
En savoir plus : http://www.who.int/gpsc/5may/en/