Si vous fréquentez l'hôpital Sainte-Anne ou le siège de la Fédération Hospitalière de France à Paris, la rue Cabanis vous est familière. Et pourtant, associez-vous à ce nom les trois prénoms de l'homme qui mérite d'héberger ces deux prestigieuses institutions?
" Vivre c'est sentir "
C'est à Pierre-Jean-Georges Cabanis que la ville de Paris rend ainsi hommage. Mais c'est d'abord en Corrèze à Cosnac qu'il nous faut aller pour assister dans le château bâti au XIVe siècle à la naissance du petit Pierre, le 5 juin 1757, qui tombait un dimanche si l'on en croit le calendrier Grégorien. Après quatre années de collège peu studieuses à Brive son père décide de l'envoyer à Paris poursuivre ses études. Initialement passionné par la poésie et les textes d'Homère il croise Dubreuil qui lui donne le goût de la médecine dont il est diplômé en 1784.
Ses travaux de physiologiste le font considérer comme le précurseur de la médecine psychosomatique, ayant établit que l'activité cérébrale était d'abord liée aux stimuli sensitifs. Sa théorie de l'activité cérébrale repose sur la concentration en phosphore et l'énergie électrique libérée par ce dernier sous l'effet d'éléments externes comme la lumière. En ce début des années 1790 un stimulus externe fort, avec une action cérébrale immédiate, était l'usage sans retenue de la guillotine. D'ailleurs Cabanis fut un de ceux qui s'éleva contre cette pratique prenant part au débat scientifique sur la conscience du décapité.
Pragmatique il écrivait: " Aucun décapité n'a pu rendre compte de ce qu'il a ressenti... Charlotte Corday, rougissant sous le soufflet du bourreau, c'est une légende ". Ami et protégé de Mirabeau il assiste ce dernier dans ses derniers instants en 1791 puis devient à son tour député. Il approuvera le coup d'état du 18 brumaire ouvrant les portes au Premier Empire et Napoléon le fera Comte à titre posthume en 1808.
De la guillotine à l'hygiène des hôpitaux
Cabanis fut aussi professeur d'Hygiène et rédigea à ce titre en 1790 un ouvrage intitulé "Observations sur les hôpitaux". Les amoureux de la maitrise du risque infectieux pourront relire avec délectation ce document accessible à tous via la magie du monde en ligne. On y trouve ce paragraphe des plus précurseurs à propos des épidémies fort nombreuses à l'époque: "Comme elles exigent une communication assez immédiate pour se propager, elles ne sauraient acquérir un certain degré d'énergie, quand on peut isoler convenablement les malades, quand ceux qui servent les malades n'en ont pas trop grand nombre à soigner..., quand ils ont le temps de mettre dans leur service toutes les attentions de la propreté...".
Dans son "Rapport du physique et du moral" publié en 1802 Cabanis écrivait que: "le cerveau sécrète la pensée comme le foie sécrète la bile". Le courant matérialiste de l'époque expliquait l'ensemble du fonctionnement cérébral par la physiologie. Sur la fin de sa vie il revient à ses amours hellènes et reprend sa traduction de l'Iliade. Il meurt le 5 mai 1808 d'une congestion et son corps est transféré au Panthéon.
Et vous, quel est votre théorie cérébrale ?
En savoir plus: http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Jean-Georges_Cabanis