Auditionnés le 24 mai par la commission d'enquête du Sénat, les ex-hauts dirigeants d'Orpea Yves Le Masne et Jean-Claude Brdenk ne dévient pas d'un iota de leur ligne de défense.
Yves Le Masne et Jean-Claude Brdenk : des erreurs oui, un système Orpea, non.
C'est accompagné de l'un de ses avocats, qu'Yves Le Masne, ancien directeur général du groupe Orpea pendant dix ans, démis de ses fonctions le 30 janvier, a été auditionné le 24 mai par la mission d'information du Sénat sur le contrôle des Ehpad, dotée des prérogatives d'une commission d'enquête. En préambule, la présidente de la commission des affaires sociales Catherine Deroche en a rappelé l'objectif : « comprendre ce qui s'est passé afin d'en tirer des préconisations de politique publique », voulant « lever les craintes » exprimées par ces mêmes avocats dans un courrier qu'ils lui avaient adressé au préalable. Ni tribunal, ni recherche de responsabilités individuelles, sans doute cela allait-il mieux en le redisant....
« Le groupe Orpea a certainement pu commettre des erreurs, dont je m'excuse», a-déclaré Yves-Le Masne en lisant un court texte liminaire qu'il avait préparé, affirmant par ailleurs toujours privilégier la « qualité avant le financier ».
Une heure d'audition après, cela a été au tour de Jean-Claude Brdenk. L'ancien directeur général délégué en charge de l'exploitation entré dans le groupe Orpea en janvier 1997 l'a quitté en décembre 2020 après avoir « fait d'une grosse PME un leader mondial » pour reprendre l'éloge d'un journaliste... d'avant la publication du livre de Victor Castanet - Les Fossoyeurs le décrivant, lui, comme un efficace « cost killer ».
Aujourd'hui, directeur général délégué en charge des opérations et du développement du groupe Bastide Le confort médical, Jean-Claude Brdenk est resté dans la même ligne de déni qu'Yves Le Masne, et dans une certaine mesure que les actuels dirigeants : des erreurs, oui, un système Orpea, non.
Auditionnés par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, les 15 février et 9 mars, les deux ex-dirigeants avaient provoqué un certain agacement chez les députés. Quelques semaines après, ils se sont obstinés à ne retenir que les éléments à décharge des deux rapport accablants publiés entretemps : celui des inspections générales et celui des experts indépendants mandatés par le groupe lui-même.
Et quoique à mots mesurés, le rapporteur de la mission d'information, Bernard Bonne, sénateur LR de la Loire, a lui aussi souvent exprimé son exaspération face à leurs esquives.