53 800 décès de plus qu'attendus ont été enregistrés en 2022, selon l'Insee. Alors la surmortalité, une fatalité ?
20 ans après la canicule, la surmortalité estivale est encore une réalité
Si tout le monde a gardé en mémoire les conséquences désastreuses des fortes chaleurs de 2003 (ses 15 000 décès supplémentaires parmi les personnes les plus âgées), reste que les Ehpad et services à domicile sont aujourd'hui mieux préparés à affronter les épisodes caniculaires.
La création de la CNSA et de la journée de solidarité ont suscité beaucoup d'espoirs. Mais pour l'Association des directeurs au service des personnes âgées (Ad-Pa), elles ont « progressivement laissé place à l'épuisement, (aux) scandales et à la résignation. Cette politique publique trop normée et exclusivement centrée sur le modèle sanitaire a conduit à l'insatisfaction des Français, qui rejettent en bloc le modèle des Ehpad », commente Pascal Champvert, son président. Elle « conduit nombre de professionnels à quitter le secteur de l'aide aux personnes âgées, épuisés. »
Après l'épuisement, il y a eu le scandale révélé par Les Fossoyeurs, « dont il faut bien mesurer qu'il est la preuve de l'échec total de la politique des pouvoirs publics y compris en termes d'évaluation », ajoute Pascal Champvert. « Orpéa Bords de Seine avait d'excellentes évaluations internes et externes (l'établissement aurait été fermé si elles avaient été mauvaises). A partir de la découverte de ce scandale, l'État a décidé de contrôler tous les établissements. » Une décision que l'énergique président juge illégitime même si elle n'est pas illégale. « Il faut que les services de l'État arrêtent les provocations vis à vis des professionnels », ajoute t-il. Il ne peut nous assommer « d'injonctions à recruter alors qu'il n'a pas donné aux établissements les moyens de recruter. C'est comme si tous les imbéciles et les incompétents de la terre s'étaient donnés rendez-vous », tonne-t-il, réclamant la publication des rapports de contrôle.
« Que l'État nous dise combien d'établissements dysfonctionnent, car soit les rapports sont mauvais, ce que nous savons, et l'État devra prendre ses responsabilités et nous doter de moyens supplémentaires, soit ils sont bons, et il n'y a pas de problèmes... » No comment !
Coté financements, la maison brûle
L'AD-PA se dit très inquiète à l'arrivée de l'été, devant l'absence de moyens. « Le nombre de professionnels est insuffisant pour protéger les personnes âgées. L'État et les départements organisent la diminution progressive du nombre de professionnels. Pour preuve, avec une inflation à 6% et des dotations en augmentation moyenne de 2 à 3%, les établissements ne pourront pas faire face ». Les directeurs ne diminueront pas les dépenses des établissements. Leurs budgets seront donc mathématiquement en déséquilibres, créant une fragilité supplémentaire.
Pourtant les budgets existent
120 millions d'euros de crédits ont été gelés par la CNSA. Chaque année, le PLFSS fixe le taux de l'Ondam (l'enveloppe dédiée à la prise en charge et l'accompagnement des personnes âgées). Mais l'État gèle une partie de ces financements à titre prudentiel, alors même que les budgets personnes âgées de la CNSA sont toujours excédentaires. Et ne les redistribue pas. 20 milliards auraient ainsi été détournés pour alimenter d'autres caisses, explique Pascal Champvert.
900 millions de CSG
Mais il y a quand même une bonne nouvelle dans ce marasme. La CSG a cette année obtenu un rendement plus important qu'espéré. C'est pas moins de 900 millions supplémentaires qui devraient rejoindre les caisses de la CNSA. « On nous a dit que les 900 millions allaient venir en réduction des déficits de 20 milliards d'euros de la CNSA. On dit Non !!! », insiste Pascal Champvert avant de se réjouir finalement de la tenue d'une réunion, acceptée par le président de la CNSA, Jean-René Lecerf, sur l'utilisation de ces fonds, au profit des plus âgés. Et ça, « C'est tout à fait important », selon Pascal Champvert.