Après l'opprobre jeté par le scandale Orpea sur le secteur privé lucratif en ce début d'année, la solidité du privé non lucratif est-elle à son tour ébranlée ? Comment a-t-il géré, supporté, transcendé la crise Covid ? Géroscopie dévoile son classement annuel (voir fichier joint).
2021, une reprise en pente douce
Comme en 2021, pour conserver une cohérence et affiner l'analyse, nous avons choisi de corréler le nombre de lits au nombre d'établissements gérés. Ce Top 20 des groupes privés non lucratifs révèle ainsi quelques surprises intéressantes.
Tout d'abord, à l'image des années précédentes, on note une stabilité des 6 premiers groupes. S'il ne semble pas y avoir de bouleversements majeurs dans ce haut de tableau, on constate cependant une augmentation du nombre d'établissements pour 4 des 6 groupes présents (Mutualité française, Arpavie, Vyv3, Groupe SOS) et une croissance des chiffres d'affaires (CA). Les groupes ont ainsi, malgré la crise Covid, réussi à maintenir un équilibre financier. Mais au-delà des chiffres, les groupes indiquent une reprise lente et progressive des entrées en établissements, dans le courant de l'année 2021, grâce à des changements d'organisation, le développement de partenariats, un soutien interétablissements et la réduction des fonctionnements en silos.
Certains groupes affichent une incroyable stabilité comme la Fondation Partage & Vie, la Fondation Cos Alexandre Glasberg ou les Marpa dont le rôle est primordial dans le paysage non lucratif. Cette stabilité reste toutefois le fruit d'une réflexion affûtée et de concertation durant la période Covid, notamment autour des démarches éthiques et de sens dans l'exercice des missions de soins et d'accompagnement, mais aussi de nouvelles structurations et d'un travail d'élaboration de nouveaux référentiels.
Des groupes qui reculent...
La grande surprise de ce classement est la chute de MBV-Union de la 10e à la 15e place. En cause, le départ de l'association Isatis qui réduit le chiffre d'affaires du groupe de 50 millions d'euros (M€), et le nombre total de lits de 3 137 à 1 789.
La Croix-Rouge française, les Petites Soeurs des Pauvres et l'association Chemins d'espérance enregistrent également un léger recul lié à la perte de lits, mais dans des proportions raisonnables compte tenu du contexte.
Et d'autres qui continuent leur progression
L'Acppa conserve sa 7e place. Si le nombre de lits augmente légèrement (passant de 3 878 en 2020 à 3 934 en 2021), son CA connaît une belle progression (+ 15 M€) justifiée par les subventions du crédit Ségur versées en 2021. Le groupe Univi passé de la 10e à la 8e place de notre classement en 2021, maintient également sa position. Avec 136 M€ de CA, il dispose de 3 665 lits, dans ses 29 Ehpad, 19 résidences autonomie et 4 résidences services. Adef Résidences reste également à la 9e place avec un CA de 238 M€ contre 230 M€ en 2020, et un nombre de lits en légère augmentation (3 451 contre 3 393 l'an dernier).
Habitat & Humanisme, le groupe présidé par le médiatique Bernard Devert, passe quant à lui de la 12e à la 10e place, proposant 3 130 places (contre 2 591en 2020) dans 47 Ehpad et 3 résidences autonomie. Remarquons également la progression de l'association Monsieur Vincent et d'Itinova, qui regagne une place alors que ce groupe en avait perdu deux l'an dernier. Edenis, Les Bruyères et Temps de vie conservent leur 17e, 19e et 20e places.
À noter, un petit coup de coeur avec l'association des Foyers de province, qui bien que n'apparaissant pas dans le tableau car à la 21e place, continue sa progression. Son CA atteint 52,5 M€ et son nombre de lits 1 352 contre 1 255 en 2020.