3 questions à Joffrey Humbert, administrateur de la Société française des professionnels en APA
Comment l'enseignant en APA est-il arrivé en Ehpad ?
Autrefois, engagés en Ehpad à tort pour pallier le manque de professionnel de rééducation ou pour offrir une alternative à l'animation classique, on a commencé à embaucher ces « profs de sport » venus de STAPS avec leurs idées et leur conception quelque peu différentes de ce qu'on pouvait trouver habituellement dans les couloirs des établissements.
De nos jours le rôle spécifique de l'enseignant en APA est bien assimilé par les autres professionnels paramédicaux, même s'il mériterait une reconnaissance dans le Code de la santé publique. Par définition, l'intervention en APA s'oriente vers un public nécessitant des besoins spécifiques ou qui ne peut pratiquer dans un milieu ordinaire. En ce qui concerne l'Ehpad, partant de ce postulat, tous les résidents, ou presque, peuvent s'en faire prescrire tant la polypathologie et la dépendance sont présentes.
Et sur le terrain ?
Le rôle de l'enseignant en APA est important. Il propose un programme en accord avec les objectifs co-construits avec les résidents-pratiquants, et en phase avec leur état de santé et motivations. Les bienfaits, eux, sont nombreux aussi bien pour l'aspect physique, psychologique et social, que cognitif. Par exemple, dans le contexte du vieillissement, la pratique d'une activité physique adaptée favorise la lutte contre la sarcopénie, la prévention des chutes. Elle permet aussi de travailler sur la mémoire d'une manière ludique et en groupe. Ainsi, la pratique d'une APA régulière vise l'amélioration ou le maintien de l'autonomie et de la qualité de vie des personnes accompagnées en y introduisant le plus souvent la notion de plaisir.
Quel avenir ?
Les dernières décisions de l'État vont dans le sens d'une meilleure prise en compte de l'activité physique comme déterminant de l'état de santé d'une population. Pour autant, les conditions de prises en charge de l'APA évoluent peu, et à voir la loi de financement de la SS, il faudra attendre encore ! Et si tel était le cas un jour, la question des modalités de remboursement ne manquerait pas de soulever un certain nombre de questions. Sur le terrain, le corps médical prescrit difficilement l'APA. Le « quoi prescrire ? » et « quand prescrire ? » s'ajoutent à la méconnaissance du champ d'intervention de ce professionnel qu'il confond encore avec le rééducateur. Il est certain que la création d'un statut d'auxiliaire médical par le ministère de la Santé donnerait un cadre à une profession dont il n'est plus à démontrer l'utilité. Enfin, l'instauration d'un référent d'activités physiques et sportives dans les établissements médico-sociaux (décret du 17 juillet 2023, ndlr) n'est pas encore opérationnelle. Il est donc certain qu'il reste encore du travail, et il est primordial que l'ensemble des acteurs oeuvre d'une même voix.