Départements de France repose la question du risque dépendance, à assurer « comme tous les risques » et prédit un avenir sombre aux Ehpad en cas de tutelle unique des ARS. L'association appelle le Gouvernement à conduire un travail approfondi sur le grand âge.
650 millions : les départements appellent à aller au-delà des mesures conjoncturelles utiles
Après avoir pris connaissance, « par la presse », de l'aide apportée par l'État aux Ehpad et l'avoir saluée, Départements de France (DF) regrettent, dans un communiqué du 26 avril titré « La vieillesse n'est pas une maladie », que leurs ressources dédiées aux politiques du grand âge ne soient pas réévaluées à la même hauteur par le Gouvernement. Ils appellent par ailleurs, « au-delà de mesures conjoncturelles utiles », à privilégier des solutions pérennes indispensables à ce secteur, « face au défi sans précédent que connaît notre pays, compte tenu de sa démographie ». Pour Olivier Richefou, président de la Mayenne et président du Groupe de travail grand âge de DF, « c'est avant tout un problème de société et celui de l'apparition de plus en plus prégnante du risque de dépendance, à mesure du vieillissement de la population. C'est un risque et comme tous les risques, il faut envisager de l'assurer et il ne me paraît pas aberrant que chacun y contribue en fonction de ses moyens. »
Les Départements n'interviennent sur le plan financier qu'au titre de l'aide sociale qui ne concerne que 15 à 20% des résidents en moyenne - « tous ceux qui ne peuvent assumer ces dépenses doivent bénéficier de la solidarité de tous, c'est une des missions essentielles des Départements », ajoute-t-il. Mais il objecte aussi qu'« un relèvement de ces forfaits ne réglera pas, à lui seul, la question, d'autant que les Départements prennent également de plein fouet les conséquences de l'inflation, des accords du Ségur et de la revalorisation du point d'indice de la fonction publique sur leurs autres politiques, dont l'aide à domicile ». Le maintien à domicile nécessite, insiste-t-il, « une lutte déterminée contre la désertification médicale et des politiques volontaristes en matière d'offre de soin » et à ce titre, revenant aux Ehpad, il ajoute que si la fusion des sections soins et dépendance sous la tutelle des ARS, peut sembler une idée séduisante, « la catastrophe sanitaire que nous connaissons aujourd'hui en matière hospitalière ne porte guère à l'optimisme sur l'avenir ». François Sauvadet, président de Départements de France ironise : « Lorsque la gestion des Ehpad reposera sur les seules ARS, nous allons adorer les déserts médico-sociaux ».
Département de France appelle donc le Gouvernement à conduire un travail approfondi sur le grand âge et presse le Gouvernement d'entamer, avec les Départements, une réflexion sur l'accompagnement global de nos aînés. « Les Ehpad sont un maillon de la chaîne qu'il convient de repositionner dans un ensemble cohérent. Il n'y a pas d'un côté le domiciliaire et de l'autre l'établissement. Cette philosophie revient à faire de l'Ehpad l'aboutissement du parcours, ce qu'il peut être parfois, mais qu'il n'est pas systématiquement. Il faut repenser les cheminements de vie, en fonction des besoins des Français et ne pas considérer la vieillesse comme une maladie », conclut François Sauvadet.