" Les personnes en fin de vie ont souvent besoin de parler à une personne extérieure "
A la vie, à la mort
De 7h30 à 16h, Philippe de Girard exerce dans un Service de Santé au Travail chez Air France. Après 17h, cet homme de 51 ans change de casquette et devient bénévole pour l'association JALMAV (Jusqu'à la Mort Accompagner La Vie). D'où vient cet engagement qui date déjà de dix ans ? " Je suis infirmier de formation et j'ai travaillé à l'hôpital, en cancérologie, répond Philippe de Girard. J'ai eu peu de temps pour l'accompagnement : les soignants sont très pris. Entre la visite du médecin et les soins, les conversations importantes avec les patients étaient écourtées. C'était frustrant, les personnes en fin de vie ont souvent besoin de parler à une personne extérieure à leur famille..."
Sorti du milieu hospitalier, l'homme décide de prendre les choses en main. A Rosny-sous-Bois, où il réside, il s'adresse à l'association Aurore Présence, affiliée à JALMAV et spécialisée dans l'accompagnement de fin de vie à domicile. "J'ai eu un coup de coeur pour les personnes et leurs valeurs, confie Philippe de Girard. J'ai aussi été séduit par les méthodes : deux week-ends de formation, des accompagnements en binôme, une charte éthique, des groupes de parole mensuels. Psychologiquement, c'est important d'être dans un groupe ! " En effet, la relation aux personnes en fin de vie est parfois délicate : il faut relayer les soignants parfois épuisés, clarifier son rôle... " Dans la durée, l'accompagnement à domicile peut générer des liens forts. Il faut savoir se préserver, nous sommes là pour écouter, enchaîne celui qui consacre environ une heure chaque semaine à chaque personne. Sur le plan pratique, c'est la même chose : un bénévole ne fait que de l'accompagnement. Pas de course, pas de toilette... " Pas de soins non plus ? " Non !, insiste Philippe de Girard. Quand je suis bénévole, je ne suis que bénévole. Les personnes que je vois ne savent pas que je suis soignant !" Au travail, c'est l'inverse : les collègues de l'accompagnant connaissent plus son goût pour les voyages que ses activités de bénévole. " La mort, cela fait un peu peur, alors je parle peu de mes activités autour de moi...", reconnaît le chargé de prévention. Géroscopie s'en est donc chargé.