Accompagnement et service auprès de la personne
Les plus récentes études sur l'emploi mettent en avant que le secteur des services à la personne est l'un des rares domaines à avoir vu l'offre croître. Ces métiers et ces activités qui prennent une part croissante de l'activité économique globale et des emplois. Cette remarque permet de décentrer le discours commun : le vieillissement est une chance. D'abord parce que cela témoigne des effets positifs de la recherche médicale, de la prévention et de la mise en oeuvre de lois de protection sociale. Ensuite, car en favorisant une vie plus douce pour les plus fragiles cela profite à l'ensemble de la population. Et, enfin, du fait du potentiel de création d'activité économiques des seniors. C'est dans cette perspective que l'on peut lire la chercheure Joan Tronto, lorsqu'elle met en avant la nécessité de valoriser de la place des femmes dans la décision et dans la représentation sociale de la société, or, dans le même temps les métiers de service, les métiers du care et de l'accompagnement sont encore réalisés essentiellement par le seul genre féminin. Ces métiers restent mal payés, disposent de peu de système de formation et de valorisation et n'ouvrent guère à des politiques de filière et de mobilité. Notons que souvent les premières à effectuer les taches les plus ingrates, les moins gratifiantes, sont les femmes issues de l'immigration. Les aspects économiques et culturels tiennent une place structurante pour expliciter cet état de fait. Ainsi, la norme sociale a toujours dévalorisé les métiers liés au sale jugé dégradant.
La question des services sous l'angle de l'accompagnement bienveillant nécessite de penser de nouveaux droits à destination des personnels et auxiliaires de soins ou d'accompagnement, qui sont aussi majoritairement des femmes, aux revenus modestes et qui ne sont pas toujours bien formées. Une politique du care, dans la définition de ses principes comme dans la mise en oeuvre et l'organisation des orientations, implique de revaloriser en priorité la condition sociale et familiale des femmes, de mettre en cause leur situation précaire et instable, dont le temps partiel contraint (déstructurant profondément les modes de vie, les modes de relation familiale) est le signe le plus manifeste.
Il ne faudrait pas mésestimer la compassion et l'attention nécessaire au quotidien pour venir prendre soin de personnes fragilisées. Cet " héroïsme du quotidien " a aussi sa part enchantée : l'aidant, qu'il soit professionnel, familial ou informel, peut aussi trouver dans son rôle une forme d'accomplissement, un plaisir à se sentir utile, une reconnaissance de soi.
La société du service et de l'accompagnement débouche nécessairement sur une plus grande équité envers les femmes et sur une vraie solidarité avec les plus fragiles. Elle implique aussi une écologie de la bienveillance comme attention à l'environnement, aux équilibres économiques et sociaux mondiaux, au souci de l'autre et à l'avenir des jeunes générations.
Il ne s'agit plus de s'intéresser à la productivité des personnes, sources de dérives, mais de mettre en avant la capacité d'accompagner les plus fragiles, la nécessité d'être sensible à la condition humaine. Impossible de penser la notion de service à la personne âgée ou fragilisée dans sa partie soin ou accompagnement en faisant l'économie d'une attitude d'attention et d'empathie