Dans le n° 21-mai 2012  -  Fin de vie  812

Accompagner l'angoisse de mort

L'angoisse de mort peut à tout moment envahir les professionnels, les familles et les résidents. La reconnaître et la prendre en compte est essentiel dans la qualité de la prise en charge de la personne âgée.

Accompagner l'angoisse de mort

L'angoisse de mort peut à tout moment envahir les professionnels, les familles et les résidents. La reconnaître et la prendre en compte est essentiel dans la qualité de la prise en charge.

Dans un environnement où les décès se succèdent, difficile d'échapper à l'angoisse de mort. Mais qu'est-ce que l'angoisse de mort ? La personne qui subit l'angoisse de mort ne peut cerner, ni mettre de mots sur ce qu'elle ressent. " L'angoisse de mort est latente et survient sans prévenir, affirme Martine Nectoux, infirmière clinicienne, formatrice au Centre National de Ressources Soin Palliatif et membre de l'Observatoire National de la Fin de vie. Elle est " contagieuse ", provoque des comportements qui semblent inadaptés et touche soignant, famille et personne âgée en fin de vie. Il est du devoir des professionnels de tenter de repérer les mécanismes de défense mis en place pour s'en protéger. Qu'entend-on par comportements inadaptés alors que chacun essaie de faire face au mieux ? " La famille peut par exemple stimuler le malade de façon excessive alors que celui-ci n'est plus en capacité de se lever ou de manger,... illustre Martine Nectoux. En décalage avec ce que vit le malade, les proches, submergés par leur propre angoisse de mort, vont de plus se heurter à des professionnels qui rappellent l'aggravation de l'état de santé. La famille risque de réagir de manière agressive, accusant cette équipe de baisser les bras trop tôt. " De leur côté, les professionnels éprouvés vont mettre en place des mécanismes d'évitement (le malade, sujet de leurs soins, devient objet) ou vont être dans une fuite en avant en assénant une vérité impossible à entendre par les proches. Aux yeux des professionnels, il s'agit simplement d'informations nécessaires à la poursuite des soins dans de bonnes conditions.

" Aspirés par l'angoisse de mort et sans recul, les soignants vont être en difficulté pour instaurer une relation authentique, respectueu

Dans un environnement où les décès se succèdent, difficile d'échapper à l'angoisse de mort. L'angoisse de mort est complexe : la personne qui la subit ne peut la cerner, ni mettre de mots sur ce qu'elle ressent. " L'angoisse de mort est latente et survient sans prévenir, affirme Martine Nectoux, infirmière clinicienne, formatrice au Centre National de Ressources Soin Palliatif et membre de l'Observatoire National de la Fin de vie. Elle est " contagieuse ", provoque des comportements qui semblent inadaptés et touche soignant, famille et personne âgée en fin de vie. Il est du devoir des professionnels de tenter de repérer les mécanismes de défense mis en place pour s'en protéger.

Décalage famille/soignant

Qu'entend-on par comportements inadaptés alors que chacun essaie de faire face au mieux ? " La famille peut par exemple stimuler le malade de façon excessive alors que celui-ci n'est plus en capacité de se lever ou de manger,... illustre Martine Nectoux. En décalage avec ce que vit le malade, les proches, submergés par leur propre angoisse de mort, vont de plus se heurter à des professionnels qui rappellent l'aggravation de l'état de santé. La famille risque de réagir de manière agressive, accusant cette équipe de baisser les bras trop tôt. " De leur côté, les professionnels éprouvés vont mettre en place des mécanismes d'évitement (le malade, sujet de leurs soins, devient objet) ou vont être dans une fuite en avant en assénant une vérité impossible à entendre par les proches. Aux yeux des professionnels, il s'agit simplement d'informations nécessaires à la poursuite des soins dans de bonnes conditions.

Stratégie d'ajustement

" Aspirés par l'angoisse de mort et sans recul, les soignants vont être en difficulté pour instaurer une relation authentique, respectueuse de la souffrance de leur interlocuteur, souligne Martine Nectoux. Sans formation ou réflexion collective autour de ces mécanismes de défense inconscients, bien des équipes se trouvent démunies. "

Savoir reconnaître ce qui se joue dans la relation permet de mettre en place des stratégies personnelles et professionnelles d'ajustements à la situation et d'avancer dans une vérité pas à pas. Le cadre infirmier peut jouer un rôle déterminant dans la dynamique de l'équipe. Accueillir les familles en souffrance, repérer les soignants en difficulté, reconnaitre les mécanismes de défense, c'est contribuer à la mise en place de ressources indispensables à la qualité de l'accompagnement du malade et de ses proches. Parmi elles : la création d'un espace de parole, la programmation de formations ou l'animation par un intervenant extérieur d'une analyse de pratiques.

Cette dynamique a aussi une incidence chez les acteurs de santé. " Progresser dans cette connaissance et dans les moyens de faire face, c'est contribuer à éviter l'épuisement des soignants", conclut Martine Nectoux. Les EHPAD sont-ils conscients de cet aspect ?

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