Le projet de loi d'orientation sur l'adaptation de la société au vieillissement de Michèle Delaunay, affirme le droit spécifique à un suivie de santé pour les aidants et entend soutenir l'accès prioritaire des seniors à un bilan de santé.
Accompagner les aidants, une histoire prévention et de solidarité
Dans une période budgétaire contrainte et avec le recul permettant l'évaluation de nombreuses politiques publiques, l'enjeu est de développer des politiques de prévention qui soient ciblées sur les populations qui le nécessitent prioritairement. Ce qui est le cas des aidants qui sont particulièrement sollicités et dont certains vont jusqu'à l'épuisement. Pour ce qui concerne les seniors, on peut considérer que la prévention doit être renforcée pour éloigner, tant faire se peut, la survenue de maladies invalidantes dont une large part est liée au mode de vie (nutrition, activité physique, lien social...).
Puisque les questions budgétaires ne doivent pas être ignorées, pourquoi ne pas imaginer de financer ce droit au suivi de santé pour les aidants et le développement de la prévention envers les seniors, par la suppression du bilan de santé gratuit quinquennal dont l'efficacité paraît très modeste ? L'enjeu est de cibler les populations les plus fragiles ou les moins suivis.
De la même façon, il faudrait mener une démarche volontariste de sensibilisation des médecins et de l'ensemble des acteurs du soin à plus d'attention pour les aidants. Ce serait une action peu onéreuse mais largement efficace en termes d'économie des ressources publiques puisque préserver mieux la santé des aidants permet d'assurer plus longtemps l'accompagnement des aidés. Mais ce serait aussi une nécessité de bienveillance publique, pour éviter que l'aidant soit " oublié ". Il y a quelque chose d'insupportable d'entendre les témoignages d'aidants expliquant que le médecin venu pour l'aidé malade, ne pense pas à s'enquérir de la santé de l'aidant. Ni même de demander à la personne aidante comment elle se sent... Comme si cette dernière n'avait pas d'existence. Des campagnes de sensibilisation à la santé des aidants doivent être menée, y compris auprès des étudiants en médecine. Il est incompréhensible que le rôle des aidants dans le processus de prise en soin soit autant ignoré.
Il est temps de lancer une enquête sur la santé des aidants qui consacrent du temps à un proche. Il devrait être possible de mesurer le déclin de santé des personnes qui prennent en soin un proche en fonction, par exemple, du nombre d'heures passée auprès de l'aidé, de sa pathologie, de l'âge du binôme... A ma connaissance, il n'existe par d'études de ce type en France, alors qu'elles se développent dans plusieurs pays. Signalons cependant différentes initiatives qui permettront de mieux connaître la réalité des aidants. Après le panel BVA/Novartis sur les aidants de personnes âgées ou touchées par une maladie chronique invalidante, notons l'initiative du Pôle de Gérontologie Interrégional de Bourgogne & Franche-Comté avec le premier projet de cohorte de grande ampleur. Elle va permettre de suivre longitudinalement sur 10 ans, le parcours de vie de plus de 8 000 aidants liées à 5 groupes de pathologie associée au vieillissement des aidants au cours de la relation d'aide.
La solidarité envers les aidants doit aussi reposer sur une meilleure connaissance de l'évolution de leur situation et des effets sur leur santé comme sur leur relation au monde.
Nouvel ouvrage : " La solidarité ça existe... et en plus ça rapporte ! ", Michalon