L'activité physique adaptée (APA) est une pratique essentielle pour le bien-être des seniors. Elle reste pourtant insuffisamment déployée, notamment dans les Ehpad. Dans ce cadre, l'Agence des médecines complémentaires adaptées (A-MCA) vient d'intégrer un nouvel expert, Charles Martin-Krumm[1], professeur en psychologie et directeur du laboratoire de recherche Vulnérabilité, capabilité et rétablissement (VCR) afin de valoriser la place de l'activité physique, notamment auprès des seniors. Le point avec le chercheur.
Activité physique adaptée : une pratique à encourager en Ehpad
Sport, activité physique et activité physique adaptée : il est important de ne pas les confondre. Pour quelle raison ?
Effectivement, surtout dans le contexte actuel, avec les Jeux olympiques qui viennent de se dérouler en France, l'occasion pour les personnes âgées de regarder des événements à la télévision, avec des sportifs de haut niveau réalisant des performances incroyables. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cela peut décourager. Les personnes âgées vont associer la performance sportive à la souffrance et à l'effort, créatrice d'une barrière. Il est important de bien distinguer le sport de l'activité physique, qui repose davantage sur des actes simples comme prendre les escaliers, aller se promener, faire du jardinage. En cas de fragilité, on parle d'activité physique adaptée (APA), au sens où on peut toujours se mobiliser en prenant en compte ses limites. Il est important d'y sensibiliser les dirigeants d'Ehpad et la société dans son ensemble, qui reste imprégnée de représentations négatives sur le vieillissement.
Quelles sont les avancées scientifiques et sociétales dans ce domaine pour les seniors ?
Sur un plan scientifique, l'APA reste un moyen très efficace pour entretenir les fonctions cognitives ou encore prévenir les chutes chez la personne âgée. C'est d'autant plus important qu'elles peuvent, en ce qui concerne la comorbidité, conduire au décès. Les enjeux pour la santé publique sont réels. Les actions préventives sont d'une grande importance pour les personnes âgées. D'un point de vue sociétal, il importe de travailler sur les représentations négatives du vieillissement. Mais aussi de généraliser les professionnels de l'APA en milieu de soin. En Ehpad, il serait intéressant de systématiser les entretiens préalables des résidents sur leurs capacités physiques et cardiorespiratoires pour ensuite proposer des activités. Finalement, l'APA représente le prolongement de l'Éducation physique et sportive (EPS) dans le système scolaire. Il faut donner à chacun les moyens d'entretenir son capital santé dans le cadre d'une pratique autodéterminée pour le plaisir, l'entretien et le partage.
Vous avez récemment intégré l'A-MCA en tant qu'expert, et vous êtes membre du comité scientifique de la revue Le Journal de l'hypnose et de la santé intégrative. Quel est le sens de cet engagement ?
J'ai déjà eu l'occasion de coopérer avec l'A-MCA[2] dans le cadre de différentes actions, notamment pour un projet de recherche commun et j'ai contribué à l'un des ouvrages collectifs co-dirigé par sa directrice, Véronique Suissa [Les 20 grandes questions sur la sophrologie, NDLR]. C'est donc assez naturellement que j'ai intégré l'A-MCA. Je pense que le soin implique différents aspects. Les soins médicaux doivent revenir aux seuls médecins compte tenu de leur formation et de leurs compétences. Mais l'accompagnement peut intégrer des approches complémentaires, notamment avec l'APA. Je tiens à militer en ce sens au sein de l'association qui porte une vision intégrative de la santé.