L'environnement a un impact important sur les personnes qu'elles soient en bonne santé ou en perte d'autonomie. Il est donc fondamental d'adapter les lieux de vie.
Adapter l'environnement des EHPAD aux personnes âgées dépendantes
Un environnement bruyant, mal éclairé ou triste joue sur nos dispositions, notre humeur, notre capacité à écouter, à comprendre, à effectuer une activité.
Sébastien Perret, gérontopsychologue et consultant Alzhéa considère que trop d'établissements d'hébergement pour personnes âgées ont été conçus, aménagés et équipés avec des caractéristiques qui ne correspondent pas aux besoins de leurs résidents.
"Certaines études en Europe ont montré que l'aménagement peut être conçu comme un traitement, il doit correspondre à des critères qui répondent à des besoins précis. Si on s'intéresse aux personnes âgées et à celles qui ont des troubles cognitifs, on constatera que ces personnes ont des caractéristiques communes qui appellent des aménagements spécifiques".
Est-ce que cela veut dire que l'on doit modifier la conception des résidences pour des personnes en perte d'autonomie ?
Oui, on peut aménager des endroits qui tiennent compte de leurs pathologies et capacités préservées. On ne fait rien d'autres quand on aménage une rampe d'accès pour une personne en fauteuil roulant, elle gagne en autonomie ! On sait à peu près le faire pour des difficultés physiques mais avec les déficits sensoriels et cognitifs en ehpad, on a beaucoup du retard.
Est-ce qu'il existe des grands principes s'appliquant à l'ensemble de ces aménagements ?
De grands principes s'appliquent à toutes les personnes qui ont des troubles sensoriels et/ou cognitifs. Rappelons que les problèmes visuels concernent de nombreuses personnes âgées (plus de 60 %) : presbytie, cataracte, DMLA, etc. Il y a aussi 2/3 des plus de 65 ans qui ont des difficultés auditives... On doit donc proposer un environnement sensoriel adapté aux personnes accueillies. C'est d'autant plus important que dans nos EHPAD les études épidémiologiques ont constaté que 70% des résidents présentent des troubles cognitifs qui rendent encore plus difficile la compréhension de l'environnement.
Avec une mémoire altérée et des capacités de raisonnement et d'apprentissage diminuées, la personne atteinte de démence a besoin de plus d'indices pour comprendre où elle est et ce qu'il se passe. A défaut, le mal être engendré pourra s'exprimer à travers des troubles psychiques ou comportementaux. L'aménagement du cadre de vie est donc primordial, il concerne tous les espaces: chambres, couloirs, salle à manger, WC, mais aussi la signalétique. Si l'adaptation de la signalétique est essentielle nous la limitons au profit de l'identification des lieux, par le mobilier, les couleurs, les accessoires, l'ambiance...
Nous avons confronté notre expertise aux données de la littérature internationale sur le sujet pour créer un outil d'évaluation, de préconisations, et des solutions de repérage permettant aux établissements une meilleure adaptation environnementale aux personnes qu'ils accueillent.
Est-ce que cela a un coût important pour les établissements ?
Faire ce travail avant la construction d'un 'établissement permet d'anticiper et d'éviter les surcoûts. Pour un établissement existant, des améliorations substantielles peuvent être apportées à moindre coût.