Dans le n° 148-avril 2023  - Recommandations de la HAS  14660

Addictions : comment tenir la ligne de crête

La Haute Autorité de santé a publié des recommandations pour aider les professionnels des ESSMS à entreprendre une démarche de prévention des addictions et de réduction des risques et des dommages.

Alcool, tabac, drogues, jeux... Le gouvernement a présenté, le 9 mars, sa « Stratégie interministérielle de mobilisation contre les conduites addictives 2023-2027 » avec une attention particulière aux établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS), qui viennent d'être outillés par des recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) : « Prévention des addictions et réduction des risques et des dommages dans les ESSMS ».

Publiées le 25 janvier, elles visent à donner des repères aux professionnels des secteurs handicap, personnes âgées, inclusion sociale et protection de l'enfance, confrontés aux usages de substances psychoactives. Les personnes qu'ils accompagnent cumulent souvent les facteurs de risque : isolement, précarité, maltraitance, parcours migratoire, perte d'autonomie, etc.

Et l'éventail des substances psychoactives concernées est vaste ! Il regroupe à la fois les drogues licites (tabac, alcool, produits de substitution, médicaments psychotropes tels que hypnotiques, antidépresseurs...) et non licites (cannabis, cocaïne, ecstasy, MDMA ou amphétamine...).

Les recommandations ont été élaborées de manière transversale en prenant en compte les enjeux spécifiques de chaque secteur (caractéristiques du public accompagné, place de l'entourage...). La HAS a identifié les partenaires spécialisés mobilisables dès l'élaboration de la démarche et l'état des lieux, par exemple, les Centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa).

L'enjeu ? Tenir bon la ligne de crête entre encadrement/accompagnement des consommations et usages vs interdictions et sanctions, autour de trois axes : intégrer la gestion des addictions dans le projet de la structure ; prévenir l'entrée et l'installation dans les conduites addictives, et, quand l'addiction est déjà là, accompagner et réduire les risques et les dommages - en Ehpad, on est souvent dans ce dernier cas de figure.

La politique du rien ou tout

Les recommandations de la HAS se déclinent en quatre documents spécifiques. Pour le secteur des personnes âgées, elle l'écrit dans sa note de cadrage, les recherches récentes concernant les conduites addictives « sont rares, voire inexistantes », alors même qu'en Ehpad, la dépendance à l'alcool concernerait entre 20 % et 40 % de résidents.

Il apparaît que le sevrage y garde une place majeure même si « la prohibition fait l'objet de critiques car, selon les auteurs, elle confond usage et mésusage » et que rien ne peut la justifier « sur le plan de la santé, ni sur celui du respect fondamental de l'identité et de la liberté individuelle ».

Mais dans la politique du rien ou tout, le tout pose aussi problème : « l'invocation du dernier plaisir de l'existence, pour laisser les plus âgés boire en paix de l'alcool » peut « démultiplier les freins avant de pouvoir accéder à de possibles aides ou d'éventuels soins et voies de soulagement du mal-être et de souffrances associées », écrit le médecin addictologue et gériatre Pascal Menecier dans « Soins, alcool et personnes âgées » (Chronique sociale, 2019).

Et Edwige Picard, psychologue en Csapa et formatrice Askoria/Fnadepa*, le confirme (voir notre article), les équipes sont souvent démunies et ne savent pas quelles postures adopter.

Six étapes pour une démarche

De fait, les personnes âgées accueillies en Ehpad présentent des facteurs de risque dus à leur (grand) âge et à des polypathologies. Au sein de cette population, les addictions concernent en majorité des produits légaux tels que l'alcool, les médicaments psychotropes (benzodiazépines) et le tabac.

Pour un accompagnement efficace, il est recommandé aux professionnels d'adapter les modalités d'évaluation et les outils utilisés à l'âge des personnes, et notamment à leurs particularités sensorielles et cognitives. De plus, comme pour chaque public d'ESSMS, l'accompagnement doit au maximum impliquer l'entourage quand il est présent.

Les recommandations sont articulées en six parties :

- Engager la structure dans la prévention, le repérage et l'accompagnement des conduites addictives ;

- Proposer un cadre d'accompagnement protecteur ;

- Repérer et co-évaluer les conduites addictives afin de co-définir un accompagnement adapté aux besoins et aux souhaits de chaque personne ;

- Mettre en oeuvre des actions dans la structure à partir des besoins repérés dans les projets personnalisés d'accompagnement ;

- Suivre la mise en oeuvre des accompagnements et gérer les situations problématiques ;

-  Agir auprès de l'entourage.

La HAS met également à disposition des Ehpad, un outil pour la réalisation du diagnostic des besoins et de ressources ainsi que des repères juridiques.

22/11/2024  - Duerp

Un nouvel outil en ligne pour évaluer les risques professionnels en Ehpad

L'INRS et l'Assurance maladie mettent à disposition des Ehpad un logiciel en libre accès les aidant à rédiger leur document unique d'évaluation des risques professionnels (Duerp).
21/11/2024  - PPL

Vers la grande loi infirmière tant attendue ?

L'ancien ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale et sa collègue Nicole Dubré-Chirat ont déposé une proposition de loi élargissant les missions des infirmières.
21/11/2024  - Arrêté

45 départements vont bénéficier d'un complément de financement APA de 150 millions

Un arrêté précise les critères de versement par la CNSA du complément de financement de 150 millions prévu par la LFSS 2024.
21/11/2024  - Lutte contre la solitude

Un petit geste pour illuminer le réveillon de Noël d'un aîné isolé

Les Petits Frères des Pauvres lancent l'opération Les Colis de Noël pour offrir un peu de joie aux âgés isolés.
15/11/2024  - Enquête

Vaccination : A-Grippe-toi demande une politique de sensibilisation des seniors

Selon une enquête d'A-Grippe-Toi, 82% des seniors ont une connaissance lacunaire de l'importance des vaccins.
14/11/2024  - En exclusivité

"Nous avons besoin de nos 7 500 Ehpad" soutient Paul Christophe

Nommé ministre des Solidarités, de l'Autonomie et de l'Égalité entre les femmes et les hommes le 21 septembre dernier, Paul Christophe répond à Géroscopie dans une longue interview à découvrir dans son numéro à paraître mi-décembre. Premiers éléments...
10/11/2024  - Décès

Claudie Kulak nous a quittés

C'est avec beaucoup de tristesse que nous apprenons le décès de Claudie Kulak, survenu le 6 novembre 2024.
08/11/2024  - Du 12 au 19 novembre

5e édition de la Semaine nationale de lutte contre la dénutrition

La dénutrition est une maladie insidieuse qui touche plus de 2 millions de personnes en France, de l'enfant en situation de handicap, à la personne âgée en perte d'autonomie. RDV pour une semaine de sensibilisation du 12 au 19 novembre 2024.
07/11/2024  - Santé

Vers la création de l'Institut des vulnérabilités

L'Institut pour la prévention des vulnérabilités liées à la santé organise un colloque de lancement le 20 novembre d'un projet qui allie observation, recherche, formation, et accompagnement clinique.