A Sallaumines, dans le Nord-Pas-de-Calais, les barrières de l'âge semblent s'être effacées. Tout comme les contraintes de l'apprentissage. Les pensionnaires du foyer de personnes âgées, Jacques Duclos, se retrouvent chaque mois avec les élèves de SEGPA du collège Paul Langevin et de leur professeur. Ils exercent ensemble la lecture. Dans les salles de classe du collège ou bien à la résidence, les jeux de rôle se forment naturellement autour des contes tels ceux de "Patoufet" et "Roule le loup". Les jeunes sont intrigués tandis que les Anciens sont attentifs, reprennent les élèves qui écorchent les mots, insistent sur les liaisons, expliquent, dosant une patience sans égal. Au fil des séances, une complicité s'est nouée laissant place au respect mutuel; les élèves même les plus rebelles se montrent dociles. Et Jeanine, 87 ans, confie: "J'ai toujours voulu être institutrice. La vie ne m'en a pas laissé la chance. Aujourd'hui, je peux enfin apprendre aux enfants". La résidente se sent exister au travers d'une activité qui peut sembler routinière. Pour ces élèves qui ont des difficultés scolaires, l'apprentissage devient facile. La lecture devient une aventure.

Les albums illustrés sont choisis par les soins de Marie-Françoise Ten, la conteuse de l'association "Lis avec moi" qui soutient les échanges entre générations. Le Directeur du foyer et Responsable du pôle Autonomie du CCAS de Sallaumines, Olivier Hober, a lancé cette animation dans le souci de "faire du lien social dans une société où nous sommes de plus en plus cloisonnés". Un CD de lecture d'albums réalisé l'année dernière sera publié en juin avec une remise officielle à l'association "Voir ensemble" qui enverra les exemplaires à des enfants non-voyants d'Afrique. Un autre enregistrement est en cours afin d'immortaliser ces moments privilégiés.

Du jardinage pour tous

Depuis avril, le jardinage est aussi à l'honneur pour des élèves de 6e et 4e de la SEGPA. Avec le soutien du Principal du collège, Monsieur Sénéchal, ceux-ci ont investi les "terres" de Monsieur et Madame Cerouter, un couple de retraités. Enlever les mauvaises herbes, retourner la terre, mettre les graines, entretenir les plantations: toutes ces tâches et bien d'autres sont autant de savoir-faire que M. Cerouter, ce passionné, compte apporter à ces collégiens qui viennent chez lui deux fois par semaine. En période de vacances scolaires, les adolescents du Centre d'Animation Jeunesse de la commune prendront le relais.

Ce coup de main s'est mis en place dans le cadre du projet "Les Jardins de la Solidarité" destiné aux personnes âgées ne pouvant plus entretenir leur jardin. M. Hober précise qu' "il s'agit d'une convention établie entre les propriétaires, les jardiniers en herbe et le CCAS". Ceci permet aux seniors qui le désirent de rester dans leur chère maison. Les jeunes, eux, repartiront bientôt avec des tomates, des citrouilles, des radis et autres fruits et légumes du potager.

Le 28 mai, des résidents du foyer et quatre autres seniors vivants à domicile accompagnés des Responsables du CCAS, se rendront à l'hôtel de Matignon, pour présenter à Brigitte Ayrault, l'épouse du Premier ministre, les actions menées autour de la solidarité entre générations dans la continuité du projet Monalisa (Mobilisation Nationale contre L'Isolement des Agés) dont elle est la marraine. Est-ce un pas pour rompre avec cette fatalité du chacun pour soi?