Des recommandations médicales visent à contrer l'arrêté actuellement en vigueur qui interdit la conduite dès le stade précoce de la maladie d'Alzheimer en utilisant une échelle d'évaluation qui n'a plus cours...
Alzheimer et conduite : des recommandations pour une évaluation cognitive individualisée
Un arrêté du 28 mars 2022 interdit la conduite dès l'apparition d'un déclin cognitif (début de stade 3 de l'échelle de Reisberg), ce qui a suscité une large contestation : « On ne peut pas réduire une décision si importante à un score et encore moins quand ce score, en l'occurrence l'échelle de Reisberg, n'est plus utilisé en gériatrie depuis 20 ans pour mesurer quoi que ce soit ! » s'était indignée le Pr Nathalie Salles, médecin gériatre au CHU de Bordeaux et présidente de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG).
Avec la Fédération des centres mémoire, l'Automobile club médical de France et le Collège de médecine générale, la SFGG avait alors constitué un groupe de travail sur la conduite automobile dans les maladies d'Alzheimer et apparentées. Objectif ? Des recommandations de sociétés savantes à destination des médecins.
Ces recommandations viennent d'être finalisées et approuvées par l'association France Alzheimer et vont être publiées dans une revue scientifique francophone. Sur la base d'une revue exhaustive de la littérature et des preuves scientifiques, le groupe de travail est parvenu à un consensus sur les critères d'évaluation de la capacité à conduire et du sur-risque d'accident. Il a construit des algorithmes décisionnels pragmatiques, applicables par les médecins de médecine générale et des centres mémoire, mais aussi par les médecins agréés chargés du contrôle médical d'aptitude à la conduite.
L'évaluation de l'aptitude à conduire des patients souffrant de maladie d'Alzheimer ou apparentée « est une nécessité indiscutable », insiste-t-il. Les auteurs ajoutent que « les outils qu'ils mettent à disposition visent à assurer la sécurité des usagers de la route tout en offrant une réponse personnalisée et reproductible, que l'arrêté actuellement en vigueur ne permet pas ». Pour mémoire, l'arrêté du 28 mars est l'objet d'un recours en Conseil d'État déposé en juin 2022 par France Alzheimer, France Parkinson et APF France handicap.