Entre travail pluridisplinaire, effets thérapeutiques et prestation au lit du patient, l'animation est plus que jamais en démarche de progrès.
Animation : une discipline de plus en plus vivante
De plus en plus l'animation est sous les feux de la rampe. La presse grand public, qui occulte les notions de GMP, de taux d'encadrement ou de formation des équipes, la met même dans les critères de choix d'un établissement. L'idée est juste. Se divertir, s'amuser, se faire plaisir, sont les bénéfices apparents et appréciés d'un programme d'animation. Pour les professionnels il en va autrement et la vision des témoins de ce dossier est à la fois plus large et plus rigoureuse. D'abord, l'animation n'existe au coeur du projet d'établissement, dans une démarche pluridisciplinaire. Deuxièmement, l'animation est le support privilégié de la permanence du lien social. Lien avec les résidents qu'elle rapproche, lien avec l'extérieur grâce aux intervenants qui viennent de l'extérieur, grâce aussi aux activités extramuros. C'est au marché ou au théâtre que les résidents retrouvent leurs anciens voisins ou connaissances, dit ici en substance un animateur. L'animation modifie aussi le lien les équipes - équipes qui peuvent selon le projet d'établissement et le projet d'animation s'impliquer concrètement aux côtés de l'animateur professionnel. Ainsi la toilette n'a plus la même allure quand aide-soignant et résident se reconnaissent des talents mutuels ou ont simplement passé un bon moment ensemble... Même le lien avec les familles peut être modifié : la fille de ce résident a découvert stupéfaite les talents de son père, peintre talentueux et poète à ses heures.
L'animation, c'est aussi un pari sur des effets thérapeutiques. A ce sujet Claudine Badey-Rodriguez, psychologue et auteur reconnu du monde gérontologique, pointe la nécessaire distinction entre objectif thérapeutique et effet thérapeutique L'entretien des facultés cognitives, si donc il n'est pas l'objectif, est une conséquence appréciée. La parole et les souvenirs reviennent à l'écoute d'une chanson, à l'écriture d'un poème,... le plaisir décidément est porteur de belles avancées.
A l'heure où la dépendance s'accentue, à l'heure où les résidents sont de plus en plus atteints de démences, l'animation ne peut que se professionnaliser. Place à la formation, détaillée ci-après, place aussi à l'innovation et à la remise en cause des pratiques. L'animation collective est-elle la seule forme envisageable ? Non, pourrait répondre cette AMP qui sur les collines rouennaises accompagne un résident pendant une heure au supermarché voisin... Non répond avec force André Fertier, responsable de la Commission culturelle de l'hôpital Charles-Foix. Ainsi dans le Pôle SLD (Soins Longue Durée), l'animation " au chevet du patient " s'est imposée comme préalable à une participation éventuelle à une animation collective. Au programme : un trio de musiciens qui s'installe dans les chambres, une chambre où le résident peint à toute heure, un atelier et son artiste en résidence dont l'accueil est permanent...
L'animation ? Terra incognita à coup sûr.