Alors qu'animateurs et directeurs d'établissement se réunissent à Montpellier pour un congrès annuel conjoint ces 20 et 21 novembre, la démocratie participative sera plus que jamais à l'ordre du jour. Explications.
Animation, vie sociale ou activité thérapeutique : le grand flou
Ce sont bien la vie, les souhaits, les choix des personnes âgées et les réponses possibles qui réunissent directeurs et animateurs pour ce congrès exceptionnel. Placé sous le thème « Liberté, Égalite, Humanité : Tous (ré)unis pour accompagner les personnes âgées dans leur choix », ce temps d'échanges devrait permettre d'agir pour un renouveau du secteur. Il y a plus de 20 ans, l'animation prenait un nouvel essor dans le secteur, notamment grâce à la montée de la professionnalisation. « Pourtant, constater les progrès ne doit pas conduire à fermer les yeux sur les fondamentaux qui doivent être consolidés », explique Pauline Allain, présidente du Groupement des animateurs en gérontologie (GAG).
« L'animation est un métier jeune. Il existe encore des confusions de rôle, notamment dans le médico-social qui n'est pas notre secteur d'intervention originel. Nous sommes issus de l'éducation populaire, habitués à nous impliquer dans la société et accompagner à la citoyenneté. Dans le médico-social, notre place est relative. Il est difficile pour les animateurs de trouver une place et donner sa pleine mesure dans une équipe composée à 90 % de personnels soignants. Et ce, d'autant que notre métier est encore mal connu et employé. D'où certaines confusions. »
La coopération professionnelle dérive trop souvent vers un « tout est soin » réducteur et dangereux.
La prédominance de la culture soignante a des conséquences négatives sur l'expression des autres cultures professionnelles et amène parfois les animateurs à s'assimiler aux personnels médicaux et paramédicaux, définissant dès lors leur activité comme un soin. « L'animation n'est pas un soin, réaffirme Pauline Allain, mais un complément. Cela ne signifie pas que notre métier a moins d'importance. Au contraire, nous permettons de regarder le sujet comme une personne à part entière, un citoyen, qui a des besoins mais aussi des souhaits et des envies. » Les appels à projets se concentrent trop souvent sur l'aspect santé (sport santé, interventions non médicamenteuses...) comme si l'activité devait toujours apporter un bien-être physique ou mental, mais « on oublie que l'activité peut juste permettre à la personne de reprendre possession de sa vie ».
Du bon emploi des animateurs
Une des problématiques, selon l'énergique présidente du GAG, reste le mauvais emploi des animateurs. L'animateur doit avoir une vision globale de la vie sociale, de l'ambiance et de la politique d'un lieu. « Il doit comprendre d'où viennent les gens et où ils veulent aller, quelles que soient les personnes », car son activité concerne en effet les résidents mais aussi les familles, les proches, les bénévoles, les intervenants extérieurs, les professionnels... pour proposer des projets porteurs de sens qui vont permettre à chacun de s'impliquer dans la vie de cet établissement. « Notre métier est politique, au sens noble du terme. Nous devons participer à faciliter le vivre ensemble et faire société. Nous mènerons une enquête métier en 2024 pour actualiser nos données et affiner l'accompagnement que nous pouvons apporter à la structuration de notre profession. »
Un positionnement juste
Pour trouver et affirmer sa juste place, la formation reste un des leviers directs. Elle permet d'asseoir son rôle, ses connaissances et ses acquis mais aussi de défendre une posture. Le dialogue avec la direction est lui aussi essentiel, pour construire un binôme d'action et s'inscrire dans un projet d'établissement.
« Être animateur dans le médico-social nécessite beaucoup d'aplomb, une grande faculté d'adaptation aux publics vieillissants comme aux professionnels soignants, et de l'organisation car c'est compliqué de travailler seul, ajoute Pauline Allain. Lorsqu'on est titulaire d'un BP JEPS Animation sociale (brevet professionnel Jeunesse, éducation populaire et sport), on peut animer des activités de qualité en mettant ses compétences au service du groupe selon les aspirations des résidents. Mais pour avoir une vision et un projet global sur la contribution de tous à la vie sociale, c'est le poste d'animateur coordonnateur qu'il faudrait financer. Au GAG, nous recommandons : un animateur pour 30 résidents et un animateur coordonnateur pour porter le projet de service dès trois postes d'animateurs. » Le financement des postes sur le budget hébergement est aussi un frein majeur pour le développement de l'animation. Depuis très longtemps, le GAG souligne l'importance que l'animation soit financée en partie sur le budget autonomie. « Seul l'accompagnement de l'autonomie fonctionnelle est aujourd'hui soutenu. Nous affirmons l'importance de prendre aussi en compte "l'autonomie sociale". »