Dans le n° 124-janvier 2021  - Accompagner la transformation  11474

Anne Monnier, Anap

Anne Monnier est Directrice du département diffusion et appropriation à l'Anap, Agence nationale d'appui à la performance. Rencontre.

Quel est votre parcours ?

J'ai eu beaucoup de chance. J'ai grandi dans un environnement ouvert, propice à la découverte. D'abord grâce aux nombreux voyages réalisés en famille, et en Afrique où nous avons vécu, puis par le choix de mes études de psychologie et de sociologie des organisations qui m'ont passionnée. Elles m'ont confirmé mon goût pour les autres et mon envie de connaître le monde dans lequel je vis.

J'ai démarré ma carrière en 1986 dans la recherche, le marketing et les études sociologiques. Durant 20 ans, j'ai observé et analysé avec beaucoup d'appétit l'évolution des comportements. Puis grâce à ma vie militante et associative, j'ai été invitée à participer à l'aventure de la transformation numérique et du dossier médical personnel. Pendant 10 ans, j'y ai découvert le fonctionnement de l'organisation publique et les points de rupture entre sanitaire et médico-social. Pour aller plus loin, je suis retournée sur les bancs de l'école, à Sciences Po (Executive Master Politiques du vieillissement et silver économie). J'y ai appris le fonctionnement du service public et du système législatif, qui découpe la vie en morceaux (les vieux, les handicapés, les malades). J'ai découvert que c'était difficile d'utiliser le mot vieux mais j'y ai aussi rencontré beaucoup de gens passionnants et soucieux de faire évoluer notre société, dont des jeunes bourrés d'idées innovantes.

Aujourd'hui que faites-vous ?

Après deux années comme consultante, je découvre l'Anap, et son champ immense de recherche, de compréhension, de retours d'expériences, de méthodologies d'accompagnement au profit des établissements sanitaires et médico-sociaux. Je travaille avec toutes les équipes à diffuser et accompagner ces projets de transformation qui touchent de manière transverse tous les aspects de la vie d'un établissement (immobilier, numérique, management, RSE, organisation des prises en charge...).

Quelle est selon vous l'urgence aujourd'hui dans le secteur du grand âge ?

Il me semble que c'est l'attention portée à la formation et à la valorisation des personnels qui accompagnent. Il faut les regarder, reconnaître l'importance de leurs métiers, les former et leur donner les moyens de vivre correctement pour qu'ils soient fiers, heureux, « bientraitants ». C'est l'histoire des invisibles. Pour s'occuper des vieux, en particulier les plus fragiles, de ceux qui nous sont les plus précieux, on va mobiliser des armées de gens, qui sont peut-être les moins armés, car eux-mêmes dans des situations d'une fragilité inouïe. Notre société doit les aider.

Le fait d'être une femme a t-il impacté votre parcours professionnel ?

Je ne crois pas car beaucoup de mes patrons étaient des femmes. Quant aux hommes que j'ai côtoyés, ils étaient très attentifs à ces questions d'équilibre. Le critère homme/femme n'était pas pour eux un sujet. J'ai eu beaucoup de chance. Mais je pense aussi que lorsque les femmes occupent des postes de décision, elles ont des manières d'agir spécifiques. Elles sont sensibles aux égalités de traitement, de progression ou de salaire par exemple.

Quel regard portez-vous sur la femme qui vieillit ?

J'ai une chance folle car la retraite est pour moi une nouvelle vie. Il y a la naissance, le début de la vie professionnelle et ce moment, comme un 3ème commencement, que j'attends avec beaucoup d'impatience car j'ai de nombreux projets. Mais je tiens à organiser la suite, et permettre aux gens avec lesquels je travaille de reprendre les dossiers et de les faire évoluer comme ils le souhaitent. J'ai en permanence le souci de cette pérennité. C'est fondamental d'assurer cette continuité. Peut-être est-ce un trait féminin...

Si vous ne deviez retenir qu'une femme au parcours inspirant ?

Il y en a plein... Je pense en premier à toutes les grandes écrivains voyageuses : Alexandra David-Néel, Ella Maillart, Mary Kingsley, Edith Wharton... des défricheuses inspirantes.