Confirmée par Fadila Khattabi sur France Inter, l'augmentation des dotations de l'Etat de 5% pour les Ehpad publics et associatifs et 3% pour les Ehpad commerciaux (« car eux ont la possibilité de moduler les tarifs hébergement en fonction des ressources des personnes, ce que ne peut pas faire le public aujourd'hui », explique la ministre) suscite évidemment les réactions du secteur du grand âge. Voici les premières.
Annonce des 650 millions d'urgence : les premières réactions
Fehap : « une bouffée d'oxygène »
La fédération salue l'annonce d'une enveloppe de 650 millions d'euros pour soutenir les Ehpad, et plus précisément la hausse de 5% consentie pour le privé associatif.
« C'est effectivement une bouffée d'oxygène mais c'est aussi l'arbre qui cache la forêt car cette enveloppe ne pourra ni couvrir les déficits, ni régler les problèmes structurels du secteur, déclare sa présidente Marie-Sophie Desaulle. Pour autant, il faut profiter de ce coup de pouce pour aider les établissements à sortir la tête de l'eau et, pour notre fédération, travailler activement à obtenir un accord intermédiaire permettant la revalorisation des bas salaires d'ici fin juin, comme le demande le gouvernement ».
La Fehap souligne également d'autres points de vigilance :
- Le secteur du domicile doit être accompagné dans la mise en oeuvre de la réforme autonomie,
- Les tensions en ressources humaines sont tellement fortes que l'annonce des 6 000 recrutements reste insuffisante.
Synerpa : l'incompréhension du secteur commercial
Pour le Synerpa, qui vient de lancer une campagne de sensibilisation par la publication d'une tribune dans trois quotidiens nationaux « augmenter de 3 % la dotation pour les soins dans les Ehpad, en période de forte inflation, est accueilli favorablement par le secteur même si ce taux ne compense pas entièrement l'inflation réelle subie, souligne son président. Cependant, le secteur exprime son incompréhension suite à l'annonce faite hier par la ministre déléguée chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées, Fadila Khattabi, d'une exclusion du secteur privé commercial de certaines mesures sociales, notamment de revalorisations salariales. Les salariés, indépendamment du statut, effectuent une même mission essentielle et ont les mêmes besoins (pour rappel, l'avenant 33 de révision salariale pour le secteur privé commercial est toujours en attente de financement). Cette différenciation de traitement fragilise la capacité des acteurs privés du grand âge à accomplir leur mission d'accompagnement et d'aide auprès des personnes âgées. »
AD-PA : un premier pas
L'AD-PA tient « à saluer cette prise de position très rapide de la ministre et y voit l'attention qu'elle montre pour ce secteur dont près de 80% des structures finissent un exercice 2023 en déficit comme le rappelait l'AD-PA au côté de la quasi-totalité des organisations représentatives ce lundi lors d'un point presse ». Pour autant, l'association de directeurs souligne qu'elle « sera extrêmement attentive à l'attribution effective de ces hausses par les agences régionales de santé » et considère que « ces hausses ne suffiront pas à répondre à l'urgence et aux enjeux de moyen terme. En effet, il s'agit bien de la nécessité d'un engagement de l'ensemble des pouvoirs publics qui est attendu, et donc des départements aussi eux-mêmes financeurs des structures pour personnes âgées. De plus, ces mesures n'apportent pour l'heure aucune réponse aux services à domicile tout aussi déficitaires et en risque de cessation d'activité, avec pour conséquence, pour eux comme pour les établissements, l'impossibilité d'accompagner nos concitoyens âgés qui en ont besoin. Ce premier pas de la ministre Fadila Khattabi nécessite donc d'être prolongé par un même engagement de la part des départements, élargi aux services à domicile et suivi d'un projet de Loi Grand âge Autonomie tel que promis par le président Macron pour fin 2018 ».