Antoine Dubout, président de la Fédération des Établissements Hospitaliers et d'Aide à la Personne (FEHAP)
Vous avez élaboré une plateforme politique 2017-2022. Quelle en est l'essence ?
Antoine Dubout : L'amélioration de notre système de protection sociale. Partie du constat que notre système fait face à trois grandes révolutions amenées à s'intensifier dans les années à venir : la révolution démographique avec le vieillissement de la population et l'allongement de l'espérance de vie, la révolution épidémiologique avec la chronicisation exponentielle des maladies, et la révolution numérique qui bouleverse à la fois les lieux et les métiers de la santé, la plateforme de la FEHAP développe 114 propositions qui s'articulent autour de 4 grands axes : les usagers, les opérateurs, la gouvernance du système de protection sociale ainsi que son financement.
Quelles sont vos priorités?
Antoine Dubout : Cette plateforme de propositions touche l'ensemble des représentations de la fédération et de ses adhérents dans les secteurs sanitaire, social et médico-social. Cependant un certain nombre de propositions concernent plus directement l'amélioration de la prise en charge des personnes âgées. La FEHAP met au premier rang de ses priorités l'accessibilité financière, et particulièrement la diminution du reste à charge des familles en EHPAD. Elle propose ainsi d'établir un niveau annuel de reste à charge modulé en fonction du revenu pour les personnes rencontrant des difficultés à financer leur hébergement, lorsqu'elles mêmes ou leurs héritiers doivent en assumer le coût.
Vous insistez particulièrement sur la personnalisation du système...
Antoine Dubout : Oui. C'est un leitmotiv important dans cette plateforme 2017-2022. La personnalisation de l'accompagnement, des traitements ou encore de l'accès aux soins se concrétise d'abord par l'établissement de plans personnalisés d'accompagnement pour les personnes en perte d'autonomie. La FEHAP soutient la proposition du Haut Conseil pour l'Avenir de l'Assurance Maladie, de définir des projets pilotes sur certains territoires, dans lesquels des innovations administratives et financières pourraient favoriser un décloisonnement sanitaire, social et médico-social. Cette proposition a déjà été concrétisée via le dispositif PAERPA (Programme d'accompagnement des personnes âgées en Risque de Perte d'Autonomie) initié par la FEHAP. Le développement de ces nouvelles coordinations locales permettrait d'améliorer la continuité de la prise en charge entre les différents secteurs, mais aussi entre le domicile et l'établissement.
Vous souhaitez aussi décloisonner le médico-social...
Antoine Dubout : L'universitarisation des métiers liés au médico-social est une autre préconisation de la FEHAP pour décloisonner les secteurs. Nous allons d'ailleurs jusqu'à proposer la fusion du code de la santé publique et celui de l'action sociale et des familles, pour aboutir à une action coordonnée des différents secteurs.
Face aux maladies chroniques, nouveaux défis de la protection sociale, la FEHAP souhaite engager une réflexion de grande ampleur aboutissant à une programmation législative pluriannuelle. Elle contiendrait des objectifs crédibles et progressifs afin de faire face aux évolutions épidémiologiques et démographiques liées à la perte d'autonomie. Parallèlement, la FEHAP estime cruciale la programmation de tous les éléments d'accompagnement comme la formation, l'adaptation du logement ainsi que des programmes de prévention et d'éducation thérapeutique dédiés.
Enfin, le chantier de la prévention et de l'accompagnement de la perte d'autonomie appellera des modalités de financement innovantes, en invitant très majoritairement à la solidarité nationale plutôt qu'à un recours individuel à l'assurance privée.
Retrouvez l'intégralité des propositions de la FEHAP sur www.lasantepourdemain.fr.