Concours de cuisine ou mobilisations inter établissements, de nombreuses initiatives se développent autour de l'alimentation et de la lutte contre la dénutrition.
Apprendre à bien manger
Une coopération Inter-Ehpad
Trois établissements, situés à Bracieux, Contres et Cour-Cheverny, se sont associés à des experts[1] pour repenser la prise en charge nutritionnelle en établissements médico-sociaux.
Objectifs : améliorer le bien-être des résidents par une alimentation adaptée à leurs besoins et capacités de consommation ; former les professionnels à une approche nutritionnelle personnalisée ; renforcer la gouvernance et le pilotage de l'alimentation et de la nutrition en Ehpad ; ne proposer aucune texture mixée ou complément nutritionnel industriel.
Redonner toute sa place à l'alimentation dans les soins
Bien plus qu'un besoin physiologique, l'alimentation est un pilier central de la santé et de la convivialité. « Or, les pratiques actuelles, trop souvent centrées sur une approche hyper-sécurisée, peuvent nuire à la dimension de plaisir et de partage du repas », indique Pierre Gouabault, directeur de la coopération Inter-Ehpad dans un communiqué. « De plus, les techniques de service et d'aide au repas sont parfois mal maîtrisées, conduisant à des prises en charge alimentaires inadéquates. Pourtant, le repas est un moment clé de la journée des résidents. Il doit être un moment de stimulation, d'échanges et de plaisir, tout en maintenant un service hôtelier. La qualité des repas, le respect des capacités individuelles, la convivialité, la bonne installation, le consentement éclairé et les interactions humaines doivent redevenir les piliers de la prise en charge. »
Ce projet de coopération se déroulera pendant 6 mois dans trois établissements du Loir-et-Cher, sous la direction de Pierre Gouabault et de ses équipes. Des expérimentations parallèles seront menées à Toulouse et Lyon. Un audit 360 ° du fonctionnement de chaque établissement, permettra d'identifier les leviers de motivation, les leviers organisationnels et d'élaborer un plan d'action sur mesure. L'objectif : démontrer que l'alimentation, abordée de manière simple, responsable et personnalisée, peut non seulement prévenir et traiter la dénutrition, mais aussi renforcer le lien social et préserver l'autonomie des résidents.
Une étude pour manger mieux en Ehpad
Les établissements tentent d'adapter les offres pour répondre à la fois aux demandes individuelles des familles, aux organisations du personnel, aux prescriptions médicales, tout en essayant de pallier à l'augmentation du gaspillage et de respecter la règlementation en matière de sécurité. Sur le volet alimentation, ces contraintes ont aussi démontré que les recommandations du GEMRCN n'étaient pas adaptées à la population vivant en Ehpad.
Et les Ehpad affichent toujours un taux de dénutrition avoisinant 35 à 40 %, selon le Collectif de lutte contre la dénutrition.
« Il est nécessaire de remettre un peu de (bon) sens et de demander l'avis aux principaux intéressés : les résidents ! Nous devons passer de l'actuel millefeuille de protocoles complexes à une stratégie simple et efficiente basée en priorité sur ce que les personnes âgées en Ehpad aiment et veulent manger », explique Aline Victor, diététicienne nutritionniste et fondatrice d'Avi'sé, une entreprise créée en décembre 2023, et dont l'ambition est d'organiser la commission de menus la plus grande de France. Pour animer cette commission, des experts de la data et du médicosocial vont réaliser la première enquête consommateur jamais menée en Ehpad. Sa restitution donnera lieu à l'écriture d'un livre blanc permettant de fournir aux directeurs des clés de compréhension pour leurs commissions restauration.
La Fresque de la dénutrition en Ehpad
Inspirée du modèle de la Fresque du Climat, la Fresque de la dénutrition en Ehpad est un atelier ludique et collaboratif imaginé par l'Institut Nutrition, et visant à sensibiliser tous les professionnels aux risques et impacts de la dénutrition. Réunis en ateliers pendant 1 h 30 ou 3 h 30, des groupes de 6 à 8 personnes doivent ordonner des cartes, puis les relier grâce au débat et à l'intelligence collective. Chaque carte représente des facteurs de risques, conséquences et impacts de la dénutrition. L'échange pluridisciplinaire permet une diversité de perspectives et génère des idées nouvelles pour prévenir et prendre en charge cette maladie.