Dans le n° 162-septembre 2024  - Public  17078

Apprentissage et VAE : Ep'age 36 joue la carte du collectif

Grâce à un tandem DG-DRH proactif, le groupe public hospitalier a créé deux parcours diplômants pour ses « faisant-fonction » d'aide-soignante : une classe d'apprentissage pour les agents contractuels de moins de 30 ans et une autre de VAE collective pour les agents titulaires.

Le groupe Ep'age 36 (1 200 lits et places, et 1 100 agents) est un mastodonte, « une structure publique exceptionnelle entièrement dédiée à la prise en soins et la prise en charge des personnes âgées du domicile à la fin de vie », résume son directeur général (DG), Philippe Poussier. Composé du centre départemental gériatrique de l'Indre, des centres hospitaliers de Levroux et de Valençay et de l'Ehpad de Vatan, le groupe est confronté à d'importantes difficultés de recrutement en particulier d'aides-soignantes. Comme ailleurs ? Plus qu'ailleurs : la région Centre-Val de Loire est dans le hit-parade métropolitain de la désertification médicale, et l'Indre est le plus démuni des six départements de la région. Les quatre instituts de formation d'aides-soignants (Ifas) n'y font pas le plein.

« Nous avons des professionnelles faisant fonction parfois depuis de nombreuses années, que nous avons formées en interne et qui ont de réelles compétences, mais qui ne sont pas diplômées », souligne Aurore Marcantoni, la directrice des ressources humaines (DRH). Début octobre 2023, elle emmène son DG tout nouvellement nommé au Festival des compétences et de l'emploi de Châteauroux. Comme souvent, le hasard d'une rencontre crée l'étincelle, en l'occurence avec un voisin de stand, le lycée professionnel des Charmilles de Châteauroux qui gère l'un des quatre Ifas du département. Très vite naît l'idée d'une classe d'apprentissage exclusivement Ep'age réservée à ses agents des services hospitaliers qualifiés (ASQH) de moins de 30 ans. Du sur-mesure. « C'est l'avantage d'un petit département, en trois mois, rectorat, région, tout a été bouclé et cette classe ouvre en septembre 2024 », se félicite Philippe Poussier pour qui « il faut innover vis-à-vis des nouvelles générations ». La formation concernera neuf apprentis aides-soignants. Elle sera coordonnée par un cadre de santé Ep'age 36, une enseignante du lycée, avec des enseignements complémentaires par des cadres de santé infirmiers d'Ep'age ou des professionnels de son équipe d'hygiène. Les trois stages obligatoires de cinq semaines seront effectués au sein des différents services sanitaires et médicosociaux du groupe. « Nous offrons toute la diversité voulue. À l'issue de leur formation, elles retourneront dans leur service, nous organiserons immédiatement le concours sur titre, elles seront nommées aides-soignantes stagiaires pour devenir ensuite fonctionnaires titulaires », précise le DG. La préoccupation d'Ep'age ? Les garder : « Tous mes collègues directeurs sont dans la même situation que moi ! » Et la fuite des diplômées est une inquiétude générale...

Une catégorie B plus incitative

Le temps de l'apprentissage, le groupe Ep'age 36 garantit aux étudiants un salaire équivalent au Smic, alors que l'apprentissage, en principe, permet le versement d'un salaire bien moindre, en fonction de l'âge.

Après le diplôme ? « La reconnaissance professionnelle s'accompagne d'un saut de rémunération beaucoup plus incitatif avec, entre autres, une grille de salaire plus intéressante, et le versement de la prime mensuelle Grand âge, accordée aux AS et non aux ASH », note la DRH. En effet, et pour rappel, dans le sillage du Ségur de la santé, un décret du 29 septembre 2021 a fait passer les aides-soignantes de catégorie C en catégorie B de la fonction publique hospitalière avec revalorisation de leur grille indiciaire.

Pour Ep'age, le diplôme d'État est une garantie essentielle de qualité et sécurité des soins, le DG le répète, et il a décidé d'actionner cette année un autre levier : la validation des acquis de l'expérience (VAE) - il a été jury de VAE pendant 15 ans dans une région Rhône-Alpes où elle est très développée. Là aussi de manière innovante, en jouant la carte du collectif. Avec le soutien de l'Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier (ANFH) qui prend en charge 70 heures de formation, le groupe a créé une classe de VAE collective de 12 ASHQ titulaires - auxquelles s'est joint un candidat du Cher. « La VAE est une démarche individuelle mais l'appui du groupe sera précieux, l'entraide sera un moteur de réussite », assure Philippe Poussier. Le dispositif privilégie un étayage professionnel par des binômes apprenants/infirmières - un appel à candidatures a été lancé. Un stage de deux semaines est prévu dans le service de médecine du centre hospitalier d'Issoudun ou du centre hospitalier de Châteauroux afin de consolider les savoir-faire - Ep'age n'a pas de service de médecine (voir encadré). Comme en apprentissage, les candidats suivront la formation aux gestes et soins d'urgence (AFGSU 2). Enfin, des oraux blancs seront organisés afin de dédramatiser cette épreuve qui est particulièrement redoutée par des candidats souvent éloignés depuis longtemps des bancs d'école. La rentrée se fera fin septembre, le groupe est déjà constitué et un cadre de santé a été nommé référent pour apporter « un vrai accompagnement ». Objectif : 100 % de réussite au bout de dix mois.

Motivation et émulation

La création des deux dispositifs a rencontré un franc succès : 84 candidates se sont positionnées auprès de leur cadre de santé. « Une surprise, même si cela nous a dit que nous étions dans le vrai sur le besoin de reconnaissance des professionnelles ! », constate Philippe Poussier, qui évoque avec une pointe d'émotion les cas d'une maman solo prête à retourner vivre chez ses parents ou d'une professionnelle de 57 ans qui voulait saisir sa chance - « Je veux que ce soit aujourd'hui ». Deux candidatures retenues. Car, face à cet afflux, Ep'age a dû mettre en place une sélection par trois jurys pour les candidates répondant aux critères d'âge, après avis des cadres de santé et oral de motivation. La DRH a pris soin de bien expliquer le pourquoi aux candidates non retenues. Certaines se mobilisent déjà pour la prochaine session... Ep'age va en effet reconduire ses deux dispositifs. Le groupe estime ses besoins à 60 nouvelles aides-soignantes sur les trois prochaines années et le tempo choisi est de 20 diplômées en 2024, 2025 et 2026. Cette année, 40 % des candidates apprentissage/VAE viennent du même établissement... Ce qui a insufflé une véritable émulation pour l'avenir chez les cadres de santé des autres établissements qui, eux aussi, ont décidé de préparer leurs équipes !

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