Pour éviter le développement d'une phobie, l'isolement et une sédentarité accrus, une prise en charge rapide des personnes ayant chuté s'impose. En parallèle de la rééducation physique, voire de l'accompagnement psychologique, il existe désormais des casques de réalité virtuelle dont le but est d'apprivoiser la peur de tomber.
Après la chute, reprendre confiance
Redonner confiance rapidement est essentiel pour éviter que la chute devienne phobique. Quand une personne est tombée, Julie Pailhac essaie d'être là pour la relever, afin de la rassurer immédiatement. « Plus vite on intervient, moins la peur s'intériorise », explique la psychomotricienne de l'établissement Le Clos de l'Orchidée du groupe Korian, à Narbonne. S'il n'y a pas de séquelle physique, l'idéal est de démarrer une rééducation très vite. « Je commence, en général, par un travail au sol, pour apprendre à se relever, à se déplacer et à se rapprocher de la sonnette. La peur est moins liée à la chute qu'à la crainte de se retrouver abandonnée, sans pouvoir avertir quelqu'un », poursuit Julie Pailhac.
Ateliers de prévention par groupes de niveau
Au sein de son Ehpad, la psychomotricienne organise également des ateliers de prévention, avec le kinésithérapeute. Ces ateliers s'articulent autour d'exercices pour se remuscler et de parcours moteurs pour s'exercer à tous les types de transferts : se lever d'une chaise, d'un lit, s'asseoir, se coucher... Ils se déroulent par groupes de niveau. « Avec ceux qui ont chuté, nous travaillons tout doucement, sur le long terme et par petits groupes », témoigne Julie Pailhac. Un débriefing, à la fin de chaque séance, permet de recueillir le ressenti de chacun. Les équipes soignantes sont associées à la démarche. « Cela rassure les résidents de constater qu'elles sont bien formées », ajoute la jeune femme.
Un casque de réalité virtuelle pour rééduquer le cerveau
Pour agir sur le traumatisme, un psychologue est aussi le bienvenu. Mais ce dernier n'est pas toujours disponible pour le suivi. Alors, pour lutter contre la peur de retomber, Jérémy Grasset, praticien d'EFT (Emotional Freedom Technique) et cofondateur de l'entreprise Teleport IN, a imaginé un casque de réalité virtuelle. On l'installe autour de la tête, comme un masque de plongée. Sur un écran, apparaît un thérapeute qui vous guide dans la réalisation de 10 exercices, de trois à cinq minutes. Le thérapeute tapote son visage avec ses doigts, on reproduit à l'identique. Il guide le patient dans la réalisation d'exercices de digitopuncture et de mouvements oculaires s'inspirant de l'EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing). Le thérapeute propose de répéter des phrases d'acceptation, « pour permettre au mental d'entrer en contact avec l'émotion née après la chute et la dépasser », explique Jérémy Grasset. L'objectif est de rééduquer le cerveau en s'appuyant sur les techniques de libération émotionnelle, très utilisées aux États-Unis depuis 25 ans, pour gérer des souvenirs post-traumatiques. « Elles font, peu à peu, leur apparition en France, y compris dans les universités de psychologie. »
Une première étude menée sur un nombre restreint d'utilisateurs fait état d'un retour à la marche de 50 % des utilisateurs, au bout d'un mois, et d'un taux de réussite du passage du fauteuil au lit de 80 %. Une étude clinique plus approfondie devrait être réalisée prochainement. En attendant, le casque se loue 100 euros par mois environ.