Rachel Dutrech, cadre de santé à l'ARLIN Aquitaine du CCLIN Sud-Ouest, conseille et oriente les établissements de santé et médico-sociaux, dans la prévention des infections associées aux soins.
Attention aux bactéries multi-résistantes !
Les maisons de retraite ne sont pas des lieux de soins comme un hôpital mais quels sont les impératifs en terme d'hygiène ?
Ce sont des lieux de soins comme à l'hôpital et des lieux de vie comme en maison de retraite. Certains soignants disent qu'ils ne sont pas comme à l'hôpital, pourtant les soins sont les mêmes. En matière de risque infectieux un pansement est potentiellement infectant quel que soit le lieu. En maison de retraite, je fais des perfusions, des soins comme à l'hôpital ou en SSR et il existe aussi une vie en collectivité. Il ne faut pas oublier le portage de certaines bactéries qui résistent aux antibiotiques (dites multi-résistantes) et les transmissions croisées comme dans tous milieux de soins. L'entretien des locaux permet de réduire cette contamination de l'environnement
Doit-on utiliser des produits désinfectants pour les sols, les poignées de portes, etc. ?
Le combat premier, c'est ce qui est fréquemment touché : bouton d'ascenseur, main courante. Lorsque vous avez des gastroentérites, il faut nettoyer ce qui est fréquemment touché avec un produit détergent désinfectant classique. A partir du moment où les sols sont propres et qu'on ramasse les excrétas (urine, selles), on encoure beaucoup moins de contamination de l'environnement.
On n'oubliera pas l'hygiène des mains pour tous : visiteurs, résidents et professionnels.
L'utilisation de cuivre pour les poignées de portes est-elle bénéfique ?
Les études semblent le montrer mais cela n'empêche pas qu'il faut les nettoyer car elles peuvent être contaminées.
Avant de faire un soin, il faut aussi nettoyer les supports : la table par exemple, et nettoyer ensuite l'environnement qui aura été souillé.
Y a-t-il des espaces nécessitant une très forte attention ?
Tout ce qui est touché, l'environnement du soin, et tout ce qui est souillé : les toilettes, les communs. Nous portons aussi une attention particulière à l'office alimentaire...
Le personnel d'entretien doit-il appliquer une méthode particulière ?
On a beaucoup progressé. Il y a 20 ans on disait « Prends le chariot, va faire le ménage », comme à la maison, mais aujourd'hui c'est un métier qui s'apprend. Il faut faire les bonnes dilutions de produits, avoir une bonne méthodologie ne serait-ce que pour utiliser correctement le matériel de nettoyage. Mais il faut aussi s'approprier les fondamentaux concernant les bactéries, les virus, les protocoles écrits, des formations moins évidentes pour une population hétérogène.
Il y a une très forte demande de formation de la part des directions à laquelle il est difficile de répondre. C'est pourquoi nous nous sommes tournés vers l'e-learning pour aborder les parties théoriques (c'est quoi l'environnement, la contamination, comment j'utilise un produit, les méthodes...). Nous avons aussi fait des films sur l'entretien des locaux. Cela ne nous empêche pas d'utiliser d'autres méthodes en situation, comme la chambre des erreurs, des ateliers ciblés dans un établissement, le chariot des erreurs (avec des pièges). C'est novateur et adapté à la personne apprenante qui ira rechercher et approfondir ce dont elle a vraiment besoin.