De nombreux éléments permettent d'identifier un problème d'audition chez une personne âgée : elle fait répéter son interlocuteur, sa compréhension de la conversation est imprécise, et ce d'autant plus que le nombre de participants à l'échange est important.
Audition : vers une prise en charge précoce
La personne a tendance à s'isoler, se renfermer et/ou parler fort. Pour mieux identifier la problématique, il est recommandé d'interroger la personne sur ses ressentis : a-t-elle des acouphènes ? Des sifflements dans l'oreille voire des vertiges ?
Un premier rendez-vous de dépistage
Devant ces symptômes, le soignant ne doit pas hésiter à alerter pour organiser un dépistage, et permettre une prise en charge rapide du résident. Dans un premier temps, pour pallier les délais parfois très longs chez les oto-rhino-laryngologistes (ORL), un rendez-vous peut être envisagé avec un audioprothésiste - cette solution n'est toutefois pas à privilégier en cas de perte subite de l'audition, considérée comme une urgence nécessitant une prise en charge médicale dans les 48 heures. L'audioprothésiste peut effectuer un premier bilan de dépistage, s'assurer que le résident n'a pas un bouchon d'oreille, et effectuer des premiers tests d'audition. Cependant, l'ORL reste le seul professionnel de santé à pouvoir déterminer la cause médicale. Il pose le diagnostic et indique la conduite à tenir. Si certaines pathologies auditives requièrent une chirurgie et/ou un traitement médicamenteux (surdités de transmissions ou mixtes, certains types d'otites et certaines surdités de perception), il peut évaluer la pertinence ou la nécessité d'un appareillage. Il dresse alors une prescription médicale et invite le résident à consulter un audioprothésiste.
Le choix de l'appareillage
Trois principaux types d'appareillage sont proposés au patient : les appareils avec contours d'oreilles, les contours d'oreilles à écouteurs déportés et les intra-auriculaires. Ces appareillages se déclinent en deux classes :
- La classe 1 : les appareils 100 % santé, intégralement pris en charge par l'Assurance maladie et les mutuelles, proposent une technologie simple, qui s'avère suffisante pour corriger une surdité récente, à condition que la personne vive dans un environnement relativement calme.
- La classe 2 : les appareils bénéficiant de systèmes électroniques plus développés, avec une correction auditive plus confortable et une compréhension en milieu bruyant plus facile car les bruits environnants sont absorbés.
Pour choisir, l'audioprothésiste tient compte de plusieurs critères :
- La pathologie du patient et l'ancienneté de la perte auditive ;
- Son mode de vie ;
- L'âge de la personne et sa dextérité car les appareils intra-auriculaires ou les contours d'oreilles à écouteurs déportés requièrent précision et habileté ;
- Les ressources financières de la personne ;
- Le critère esthétique à condition que l'audition et la dextérité soient préalablement prises en compte.
L'adaptation de l'appareil
Quatre semaines d'essais ponctuées de rendez-vous hebdomadaires chez l'audioprothésiste pour procéder à divers réglages sont nécessaires pour s'assurer que le patient tolère l'équipement.
À chaque séance, l'audioprothésiste écoute l'expérience du patient, son ressenti, l'interroge sur la qualité de son audition et réalise des tests audioprothétiques. Cependant, une fois l'appareil choisi et la période initiale d'essai achevée, l'audioprothésiste peut poursuivre les réglages afin d'améliorer le résultat car la plasticité cérébrale de la personne évolue. L'objectif est de tendre le plus possible vers une audition naturelle même si elle ne pourra jamais être corrigée à 100 %. Lorsqu'une surdité est installée depuis plusieurs années, le cerveau s'est habitué à ne plus recevoir d'informations complètes. Lorsque cette information est restituée, le cerveau ne sait pas toujours comment la traiter.
L'entretien des appareillages
La technologie des appareils auditifs requiert un entretien minutieux. En raison du cérumen de l'oreille d'abord. La partie insérée dans l'oreille doit être nettoyée chaque jour pour des questions d'hygiène mais aussi de bon fonctionnement, avec les brosses et les lingettes fournies par l'audioprothésiste. Si les résidents ne peuvent effectuer ce nettoyage par manque de dextérité ou par oubli, les personnels soignants de l'Ehpad doivent s'y obliger afin de garantir le bon fonctionnement de l'appareil. Tous les deux ou trois mois, il doit aussi être nettoyé en profondeur par un professionnel.
Certains appareils fonctionnent avec des batteries rechargeables. Placés dans l'oreille du résident chaque matin, ils sont reposés dans un boîtier pour la recharge chaque soir. Une manipulation à ne pas oublier sous peine de les rendre inefficaces.
L'appareil émet un larsen normal, c'est-à-dire un sifflement, plus ou moins fort, qui s'arrête dès lors que le dispositif est placé dans l'oreille. C'est le signe de son bon fonctionnement. Si l'appareil ne siffle pas en position marche, il convient de vérifier l'état de la batterie et l'absence de cérumen. En cas de problème persistant, il doit être examiné par un audioprothésiste.
Si malgré son appareillage le résident montre des difficultés de compréhension, ne parvient plus à dialoguer alors que l'appareil est propre et chargé, il est nécessaire, dans un premier temps, de solliciter l'audioprothésiste. Dans certains cas, et de préférence sur prescription médicale, il peut se déplacer au sein de l'Ehpad.
L'appareillage précoce est déterminant pour une bonne prise en charge des patients. Le personnel des Ehpad ne doit pas hésiter à interpeller les audioprothésistes et le corps médical en cas de doute, l'échange entre professionnels pouvant résoudre nombre de problématiques.
Laure Martin, avec la contribution de Valérie Gerberon, audioprothésiste indépendante à Brignais (69)