C'est dans la grande salle Laroque (archi comble pour l'occasion) du ministère des solidarités, qu'Aurore Bergé a présenté vendredi 17 novembre sa très attendue feuille de route pour le « bien vieillir » en France.
Aurore Bergé annonce une loi de programmation pluriannuelle
Après avoir fait défiler sur l'estrade pas moins de 9 ministres, pour bien montrer sa compréhension d'une nécessaire transversalité de l'action gouvernementale, la ministre des solidarités et des familles a dévoilé sa stratégie « bien vieillir » construite autour de 4 axes : Prendre en compte de nouveaux besoins et reconnaître la place des seniors ; donner le choix de vieillir où on le souhaite ; accompagner les solidarités entre générations ; garantir les droits et la participation des citoyens âgés.
Au total plus de 50 propositions dont la plupart étaient toutefois déjà connues. Ce que n'a pas manqué de souligner le député Jérome Guedj sur X (ex twitter ») évoquant un « catalogue imprécis de mesures existantes pour la plupart, sans financement nouveau ».
Dans l'ensemble, les professionnels se sont dits plutôt satisfaits de cette nouvelle orientation. Didier Sapy, directeur général de la Fnaqpa« se félicite du changement de paradigme profond », changement que la fédération appelle de ses voeux depuis très longtemps et se réjouit de voir que les propositions du secteur maintes fois présentées, sont enfin entendues. Reste à savoir dans quels délais elles seront mises en oeuvre.
Mais les véritables annonces et nouveautés résident dans l'engagement pris de mettre en oeuvre une loi de programmation pluriannuelle pour le Grand Age, qui permettra, selon Aurore Bergé, « de nous poser collectivement trois questions cruciales : quels sont les nouveaux besoins liés au vieillissement de notre population à l'horizon 2030 ? comment les financer ? Selon quelle trajectoire ? ». Elle souligne sa volonté d'engager un travail de fond sur la réforme du financement des établissements comme des services. Véritable serpent de mer, cette loi Grand âge, promise par Emmanuel Macron dès 2017, a connu de nombreux reports qui génèrent un sentiment de grande frustration dans le secteur.
Cette annonce est donc accueillie avec réserve par les professionnels, qui attendent maintenant de juger sur acte. « La promesse d'une loi de programmation » ne permettra « pas d'améliorer la qualité de vie de nos aînés », a indiqué l'AD-PA, association des directeurs d'établissements et services à domicile dans un communiqué. « Ce qu'attendent les personnes âgées vulnérables, familles et professionnels, ce sont des moyens supplémentaires. »
Elisabeth Borne a quelques jours plus tard, lors des questions au gouvernement, dit « souhaiter » qu'un texte soit présenté d'ici l'été... « pour un examen et une adoption au second semestre 2024 ».
Une délégation interministérielle
La ministre a également annoncé la création d'une délégation interministérielle aux métiers du social, du médico-social et du soin, qui « doit devenir l'interlocuteur privilégié de l'ensemble des partenaires » (...) « Elle sera pleinement dédiée à traiter de façon transversale les avancées en matière de qualité de vie au travail mais également de revalorisations de nos professionnels », avec un intérêt particulier porté sur la formation initiale et continue, la simplification de l'existant et l'amélioration des contenus enseignés, le respect des bonnes pratiques professionnels... et d'annoncer la création d'un nouveau métier « d'accompagnant autonomie », qui devrait permettre selon la ministre « de mieux qualifier les professionnels et assurer des mobilités entre le domicile et les établissements ».
Enfin, troisième annonce, mais qui ne figure pas non plus dans le dossier de presse, le lancement en concertation et à l'initiative de trois fédérations d'employeurs d'Ehpad, la Fehap, la FHF et le Synerpa, des travaux autour d'un protocole d'accord entre l'État et les fédérations, pour parvenir « ensemble au recrutement des 50 000 professionnels en Ehpad à l'horizon 2030 ». Notons que le délai de recrutement des 50 000 professionnels initialement prévu en 2027 a été repoussé à 2030, l'air de rien...
Pour l'heure, c'est la proposition de loi bien vieillir (PPL) qui fait son grand retour à l'assemblée nationale. Elle devrait être examinée dès ce lundi 20 novembre...