Le Syncass-CFDT est le syndicat national des directeurs, cadres, personnels soignants et pharmaciens des établissements sanitaires et sociaux publics et privés. Dominique PERRIOT, secrétaire national D3S et Bénédicte DURAND-ROCH, permanente et référente pour le secteur personnes âgées du SYNCASS-CFDT ont bien voulu répondre à nos interrogations.
Avec un dialogue social tendu comment préserver l'essentiel ?
Quel est le climat social dans les établissements accueillant des personnes âgées ?
Les établissements connaissent des tensions en matière d'effectifs et de rémunérations, donc des difficultés de fonctionnement constantes. Les causes sont connues: les engagements du plan de solidarité grand âge ont été oubliés par les pouvoirs publics, qui ont parallèlement institué puis confirmé la convergence tarifaire, le blocage du passage au tarif global, la fin du financement contractualisé des démarches qualité. Parallèlement, les attentes des usagers, légitimes, ne peuvent être honorées, lorsque les effectifs sont serrés. Dans beaucoup d'établissements, les risques de maltraitance et la dégradation des conditions de travail vont de pair. Et faute de perspectives d'amélioration, le dialogue social se tend lorsque la résignation n'est pas la plus forte.
Perspectives d'évolution salariale : public, privé, associatif ?
Aucun des secteurs n'est épargné par le contexte économique actuel et ses conséquences inéluctables sur les perspectives d'évolution salariale. Les récentes déclarations ministérielles sur la valeur du point dans la fonction publique sont éloquentes: rien n'est à espérer de l'Etat jusqu'en 2017. Pendant ce temps, l'ascenseur social est en panne, faute de pouvoir maintenir les possibilités de formation.
Le secteur privé non lucratif est également soumis à de fortes contraintes. Les financements nécessaires à l'application des dispositions conventionnelles sont insuffisants au regard de l'exigence de professionnalisation et de qualité attendue au sein des EHPAD. L'insécurité tient aussi de l'abandon de l'opposabilité des conventions collectives qui continue d'interroger sur la place du dialogue social au sein des associations gestionnaires d'EHPAD. Dans ce contexte, la CFDT reste fortement mobilisée, surtout au regard des annonces récentes sur l'ouverture du chantier d'une Convention collective unique, étendue à la branche professionnelle sanitaire, médico-sociale et sociale des établissements privés à but non lucratif. Enfin, le secteur privé commercial, par ses choix de management, n'est pas à meilleure enseigne et les personnels sont soumis à de fortes pressions.
Quels sont les axes de vigilance retenus par le syndicat et les militants ?
Pour le SYNCASS-CFDT, la question de la soutenabilité des choix publics dans les EHPAD se pose. Il n'est pas réaliste de présenter une loi d'adaptation de la Société au vieillissement et de considérer que la situation des établissements peut perdurer. Si le maintien à domicile progresse, les profils d'entrée en établissements se trouveront modifiés, nécessitant des moyens humains et financiers aujourd'hui hors de la portée des établissements. Nous refusons que les directeurs soient enfermés dans une logique qui exigerait davantage des équipes, tout en mégotant davantage les ressources nécessaires. Encore une fois, là où on frôle déjà la maltraitance, comment concilier les contradictions ? Nous voulons pouvoir mener un management éthique et socialement responsable.
Quels problèmes constatez-vous concernant la formation des professionnels ? (ASH, AMP, aides-soignantes, etc.)
Pour assurer la pérennité des structures, il faut que le renouvellement générationnel des personnels soit possible, sans tomber dans le recours aux "faisant fonction" et à la déqualification. Il faut donc une attractivité des métiers et des établissements, qui dépend à la fois des rémunérations, des possibilités de développement de carrière et des conditions de travail. Travailler en EHPAD ne doit pas être un choix par défaut. A la fois pour attirer les jeunes, pour valoriser les formations, pour que l'exercice réel corresponde à ce qui est enseigné dans les centres de formation. Cela pose donc clairement la question de l'affectation des ressources pour les établissements, mais aussi pour les centres de formation, auxquels il faut faciliter l'accès.