Bien traiter la maltraitance
Les petits frères des Pauvres accompagnent régulièrement près de 9500 personnes âgées fragilisées en France. De ce travail sur le terrain est née une volonté : violence physique, escroquerie, ... la maltraitance doit être combattue sans cesse ! De là un programme d'action national mis en place avec l'appui et la participation des différents acteurs du réseau. " Le programme s'articule autour de trois axes : informer, agir, témoigner, explique Dominique Gaston-Raoul, coordinateur national. Nous voulons d'abord prévenir les risques. Pour cela nous organisons des groupes de travail et des formations sur la prévention de la maltraitance pour les bénévoles et les salariés de l'association. Il faut apprendre à reconnaître la maltraitance, dans les actes des autres ou les siens propres. Nous ne sommes pas à l'abri... " L'analyse demande de la finesse. " La maltraitance, cela peut être chez la vieille dame du 8e étage à qui un démarcheur malveillant a vendu 60 kg de pommes de terre ou le mépris dans un établissement de soins, enchaîne Dominique Gaston-Raoul. A l'inverse, tout n'est pas maltraitance. Il faut apprécier si la personne est en situation de vulnérabilité, si l'acte présumé maltraitant est volontaire ou pas, occasionnel ou systématique. "
La personne reste maîtresse de ses décisions
Le programme vise aussi à traiter les situations de maltraitance - situations dont les bénévoles et salariés sont directement témoins ou dont ils ont connaissance.. Ainsi elle conseille et oriente les personnes âgées vers des organismes de défense des droits des consommateurs, des associations d'aide aux victimes. " La personne reste maitresse de sa décision. Il n'est pas facile pour une mère de porter plainte contre un fils violent ou contre un commerçant du quartier, souligne le coordinateur. Notre rôle est d'accompagner, pas de dénoncer. Ce qui est important c'est que la personne soit reconnue dans ses droits." L'association est particulièrement vigilante sur la maltraitance financière. Les petits frères des Pauvres ont d'ailleurs contribué au rapport remis au Médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye, en février dernier sur le thème de la maltraitance financière.
La méthode porte ses fruits. " La mise en place d'une méthodologie et d'outils de traitement des appels et des signalements nous ont permis de traiter 62 situations en 2008 et 2009", résume Dominique Gaston-Raoul. Chaque situation traitée permet de garder espoir : " Un bénévole a recueilli lors d'une visite la confidence d'une résidente blessée par les propos insultants d'une aide soignante. La bénévole s'est faite, avec l'accord de cette vieille dame, son interprète auprès de la cadre du service dans un souci de médiation. Peut de temps après, l'aide soignante s'est excusée et depuis sa relation avec cette dame est transformée ".
Marie-Suzel Inzé
Chiffres
- 260 équipes d'action partout en France
- 32 000 personnes aidées dont plus de 9 500 accompagnées régulièrement
- 28 maisons de vacances et établissements d'hébergement :
- 443 logements indépendants
- 9 000 bénévoles engagés, 509 salariés
- 39,7 millions d'euros dédiés à ses missions