En Dordogne, un habitant sur quatre a plus de 65 ans. Et 7% d'entre eux sont concernés par la perte d'autonomie. Si le maintien à domicile reste la priorité du Département, ce dernier ne ménage pas ses efforts pour améliorer les conditions d'accueil en hébergement collectif.
Bien vieillir en Dordogne
La Dordogne est le 3e département français en terme de vieillissement de la population avec un taux de 24,5 %, derrière le Lot (25 %) et la Creuse (plus de 26 %). Sa part des personnes de plus de 75 ans au 1er janvier 2012 est de 13 % contre 9 % pour l'ensemble du territoire français. La projection Omphale de l'Insee entre 2010 et 2020 évalue la progression des 60 - 75 ans à plus 30 %.
Et si la population des 75 - 85 ans chuterait de 6 %, celle des plus de 85 ans augmenterait de 37 %... Alors que si l'ont fait la moyenne de tous les âges, la population évoluerait seulement de 5 %. Des chiffres qui placent ce département d'Aquitaine comme un laboratoire des politiques à mener pour les personnes âgées, et en particulier le survieillissement.
" La Dordogne préfigure ce que les autres départements vivront dans les années qui viennent en terme de vieillissement de la population ", souligne Sophie L'Hôte, à la tête de la Direction Départementale de la Solidarité et de la Prévention (DDSP) du Département. Depuis que le Conseil Général a la compétence des personnes âgées (loi de décentralisation Gaston Defferre de 1982), la politique menée est celle du maintien à domicile. "En Dordogne, c'est aussi un effet de société, un attachement à sa propriété", indique Mme L'Hôte.
Le laboratoire périgourdin
Alors, pour favoriser l'autonomie de la personne, le Conseil général avec beaucoup d'acteurs des domaines du social, de la santé, des transports ou encore du bâtiment agit sur trois leviers. A commencer par l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), dont 7191 personnes bénéficiaient à domicile au 31 décembre 2012. " 90% du plan d'aide est consacré à l'intervention humaine, 10 % à d'autres dépenses dont le portage des repas, la téléassistance et la prise en compte des frais engendrés par l'incontinence ", indique Mme L'Hôte. " Les 29,7 millions d'euros de dépense par an sont directement réinjectés dans l'économie locale et génèrent 1000 emplois à temps plein ".
Ensuite, vient l'adaptation au logement, qui concerne des travaux de rénovation, de restructuration comme la transformation d'une baignoire en douche italienne. Enfin, il s'agit de poursuivre la professionnalisation des services d'aide et d'accompagnement à domicile, avec notamment des formations à la dépendance et à la maladie. " Pour 50 cantons, il y a aujourd'hui 62 services à domicile gérés pour moitié par les structures communales et intercommunales d'action sociale (CCAS, CIAS ou Communautés de Communes) et par les associations à but non lucratif. Avec les représentants de cette branche professionnelle, on encourage la diversification et la qualité de l'offre, et sa continuité, le samedi et le dimanche ainsi que durant la nuit en cas de nécessité... ", précise Yves Marécaux, Chargé de Mission en Gérontologie de la DDSP.
L'un des marqueurs pour jauger cette politique de maintien à domicile est l'âge moyen d'entrée en Ehpad. Celui-ci est de 84 ans et sept mois aujourd'hui. Un chiffre en augmentation tous les ans. " Ce qui atteste qu'on entre en Ehpad lorsque aucune autre solution n'est possible ", souligne Yves Marécaux. "On y reste aussi moins longtemps. 30% des Ehpad voient leur population changer tous les ans". Pour autant le maintien à domicile 24 h/24 n'est ni " gérable, ni souhaitable". Et tous les objectifs du schéma des personnes âgées ont été remplis en ce qui concerne les établissements d'accueil, à commencer par leur couverture géographique. En effet, il y a en Dordogne au moins un Ehpad par canton. "Avec 70 Ehpad, 6000 lits médicalisés, nous nous plaçons, en nombre de places, au-dessus de la moyenne nationale et régionale, soit avec 140 places pour 1000 personnes âgées, alors que la moyenne nationale est de 110 pour 1000 personnes", indique Mme Lhôte. " Et s'il y a rarement une réponse positive instantanée pour l'entrée dans l'Ehpad désiré, il n'y a pas non plus globalement de délai d'attente au-delà de 3 mois".
Un département pauvre
Plus que leur nombre, leur coût fait partie des priorités du Département, qui figure parmi les dix plus pauvres de France, avec une maîtrise du prix de journée pour maintenir les prix aux plus bas. " Résider en Ehpad coûte en moyenne 1600 euros par mois en Dordogne, et 2200 euros pour la moyenne nationale. Toute la difficulté est de maintenir un équilibre entre le besoin en personnel qualifié et le prix de journée", ajoute Yves Marécaux.
Autre objectif atteint : l'humanisation de la totalité des établissements publics et associatifs. Ces travaux de rénovation, de mises aux normes, sont tous effectués ou en cours pour un budget de 4 à 6 millions d'euros. "Enfin, nous veillons à l'accessibilité et à la diversité de l'offre en Ehpad, 28 % des places relevant du secteur privé et lucratif", conclut Sophie L'Hôte. A ces priorités touchant le bien être s'ajoute l'animation, l'accès aux loisirs et à la culture. Le projet "Culture en établissement", avec l'Agence Régionale de la Santé d'Aquitaine est initialisé "pour amener des professionnels du spectacle en Ehpad, à la condition que le porteur de projet soit membre de l'équipe de l'Ehpad".
A l'heure où le schéma directeur des personnes âgées 2009-2013 s'achève et que le prochain est à l'étude, des questions restent pressantes pour l'avenir : qui paye? "Qu'est-ce que la société française est prête à prendre en charge ? Y aura-t-il une péréquation entre les départements?", se demande Sophie Lhôte.
"Le vieillissement de la population est une richesse pour le département en terme d'emplois induits, d'attractivité des métiers du grand âge, de formation, de transmission des savoirs, de solidarité familiale, d'aménagement du territoire..." Repenser la personne âgée comme citoyen, engager des projets d'utilité sociale, développer des offres plus souples entre le passage au domicile et l'établissement d'hébergement collectif... Des pistes à envisager pour le Schéma 2014 - 2019.