En novembre dernier, lors du congrès annuel du Groupement des Animateurs en Gérontologie, Bernard Hervy annonçait le résultat d'une enquête menée en 2011 sur le métier de l'animation avec les personnes âgées. A la veille du congrès de 2012, il fait le point avec nous.
Bilan et projets de l'animation avec les personnes âgées
Un bilan mitigé
L'enquête avait concerné près de 500 animateurs, tous secteurs confondus, public, associatif, privé, et déjà en 2011, deux éléments principaux retenaient l'attention : réussite incontestable de la professionnalisation des animateurs mais... budgets à revoir !
Bernard Hervy, où en est-on un an après ?
Les enseignements de cette enquête sont aujourd'hui les mêmes qu'en 2011?: le nombre d'animateurs a augmenté et la qualification a doublé : il ne s'agit plus d'un petit boulot pour jeunes. La moyenne d'âge des animatrices (ce métier est féminisé à 85?%) est de 41 ans, avec une durée moyenne en poste de 11 ans.les moyens budgétaires sont restés immobiles ! en ce qui concerne les salaires, il y a une reconnaissance du métier au sein de la fonction publique hospitalière, mais les secteurs privés ont une marge de progression ; en ce qui concerne les budgets de fonctionnement, la fonction hospitalière est en queue de peloton.
Si on compare les budgets soins et l'animation, hors frais de personnel, il y a même une régression des moyens accordés : 5,17?euros consacrés aux soins (hors frais de personnel) pour 8,76 centimes d'euros consacrés à l'animation, soit un rapport de 1 à 60 ! posons-nous la question : est-on dans un lieu de vie ? budgétairement, non !
Les propositions du GAG : campagne de sensibilisation et livre blanc
Nous venons de lancer le 11?octobre une campagne de sensibilisation sur le thème de la "non-traitance", c'est-à-dire la non prise en charge des attentes des personnes âgées, domicile inclus.
Leurs besoins primaires sont certes pris en compte - soins et ménage - mais pas leurs besoins supérieurs.
Nous avons établi six propositions dans un livre blanc destiné aux pouvoirs publics, avant le débat sur la dépendance prévu dans la première moitié du quinquennat, parmi lesquelles deux propositions majeures :
- des modifications réglementaires : en effet, la circulaire Franceschi [1] de 1982 n'est pas ou peu appliquée : elle préconisait de consacrer 1?% du budget des établissements pour des actions de vie sociale pour les personnes âgées. Pourquoi cette non-application ? il ne s'agissait que d'une recommandation, pas d'une loi.
- le financement de la vie sociale sur le budget dépendance et sur celui de l'APA, ne serait-ce que partiellement, avec des engagements qualité et une utilisation ciblée des fonds.
Que pensez-vous des établissements qui fonctionnent sans animateurs ?
Je suis pour les bénévoles et les prestataires extérieurs, mais... leurs interventions doivent être coordonnées et surtout évaluées par un professionnel dans le respect de la qualité dont je parlais plus haut.
Aujourd'hui, fonctionner sans animateur est un choix à l'économie, sans recherche de la qualité de service !
L'évaluation de l'animation s'est-elle développée ?
Oui, pour les professionnels en place, mais dans 60?% des cas, nous n'avons qu'une évaluation quantitative, pas qualitative. Une marge de progression existe encore ! De plus, 20?% des animateurs n'ont aucun retour de leur institution sur leur travail.?»
Les contrats d'avenir annoncés vont-ils modifier la donne ?
Nous sommes totalement favorables à ces contrats, et à l'arrivée de forces nouvelles, mais à trois conditions :
- que ces contrats ne se substituent pas aux contrats en place et n'occasionnent pas de licenciements.
- que ces contrats, d'une durée maximum de trois ans, soient impérativement assortis d'une formation qualifiante et diplômante reconnue, sésame d'accès à l'emploi. Les emplois jeunes précédents n'avaient pas rempli les attentes en termes de formation.
- que ces contrats soient encadrés par un professionnel du secteur.
Rendez-vous au prochain congrès : CNAAG, 27 et 28?novembre 2012, Cité internationale, Paris XIVe.