Les universités et les grandes écoles proposent une offre riche de masters professionnels qui permet aux directeurs d'acquérir une spécialisation de haut niveau opérationnel dans le secteur gérontologique. Une offre qui entre de plus en plus en concurrence avec le Cafdes, longtemps formation favorite dans le secteur.
Cafdes/Master : opération séduction auprès des directeurs
En juillet dernier, le Groupe Colisée a annoncé la signature d'une convention de partenariat avec la grande école, Toulouse Business School (ex groupe ESC Toulouse) « pour répondre aux besoins en recrutement du Groupe, favoriser la montée en compétence de ses équipes et soutenir son développement à l'international ». Le groupe Colisée avait déjà signé en mars une convention avec l'INSEEC Paris, pour accueillir les étudiants de Master dans le cadre de contrats d'apprentissage et de stages de fin d'étude. Le master of Science (MSc) de Directeur des établissements de santé de cette école de commerce bénéficie également du soutien de plusieurs groupes d'Ehpad du secteur privé commercial comme associatif : Orpea, Korian, DomusVi, Arpavie (ex Arefo-Arpad) etc.).
Les partenariats entreprise-école sont bel et bien entrés dans la culture des groupes privés d'Ehpad. Pour preuve, le groupe Orpea s'était rapproché en 2013 de l'Institut Supérieur d'Economie et de Management (ISEM) de l'Université Nice Sophia Antipolis. Pour accompagner sa politique de développement à l'international, le numéro 2 du secteur a également mis en place un programme de formation sur-mesure avec l'ESCP Europe permettant à ses collaborateurs « d'accéder in fine » au Mastère spécialisé en management médical et gestion Hospitalière.
Si le Cafdes (Certificat d'aptitude aux fonctions de directeur d'établissement ou de service d'intervention sociale) conserve ses galons de formation de référence auprès du secteur associatif, le secteur commercial développe une appétence toute particulière pour les titulaires de masters spécialisés dans le domaine du management et de la gestion des institutions sociales et médico-sociales proposés par les universités et les grandes écoles.
« Nos clients nous demandent en effet un diplôme de niveau 1, mais sans exigence particulière entre le Cafdes et les autres diplômes type Master 2. Le Cafdes a longtemps été un "label" en terme de formation, mais d'autres diplômes sont également bien reconnus tels que ceux proposés par le CESEGH à Montpellier, l'IFROSS à LYON, l'Institut Meslay à Montaigu, les Master 2 délivrés par les instituts d'administration des entreprises (IAE) », explique Anne-Sophie de Larauze, fondatrice et directrice de Parcours & Sens, cabinet de recrutement spécialisé dans le secteur Ehpad.
Des Cafdesiens jugés "plus formatés"
En 2011, dans une étude portant sur l'évaluation du dispositif de qualification obligatoire des directeurs d'établissements et services sociaux et médico-sociaux, le cabinet Geste notait un fort intérêt des directeurs pour le Cafdes : « Lorsqu'il y a une formation diplômante ou une démarche VAE en cours ou en projet, le Cafdes est alors la première qualification recherchée, suivie des Masters de Management du secteur social et médico-social ».
Toutefois, deux ans après, une plus forte concurrence entre le Cafdes et les formations universitaires a été mise en exergue par le rapport « Évaluation de la réingénierie du Cafdes », réalisé également par le cabinet Geste pour la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS). Une concurrence « ressentie comme forte, d'autant plus que les employeurs apprécient la diversité des profils et une certaine ouverture d'esprit différente de celle des "Cafdesiens" qui sont jugés plus formatés », soulignait l'étude.
« Le Cafdes a le mérite d'être un diplôme de dirigeant du secteur qui correspond aux besoins. Pour les recrutements, il constitue un signal de compétence auquel ils font confiance. Mais, les directeurs généraux considèrent que le Cafdes ne suffit pas. Soit ils cherchent des candidats qui ajoutent un parcours universitaire au Cafdes, soit ils puisent dans les flux de managers, de cadres supérieurs hors secteur, qui souhaitent « donner un sens à leur vie ». Tout en étant conscients qu'un retournement de la tension sur le marché du travail les verrait repartir », notaient les auteurs du rapport.
Une différence de coût importante
Un autre facteur - et non des moindres - nourrit cette forte concurrence entre les formations : le coût plus élevé du Cafdes en comparaison à celui des formations universitaires. Du simple au double. La formation CAFDES dure 30 mois pour un coût moyen de 17 000 euros. Au-delà de leur grande qualité, de leur durée moins longue (420 heures), le coût inférieur de certaines formations universitaires est un atout séduction supplémentaire. Pour exemple, le Master 2 Droit de la gestion des établissements de santé, sanitaires, sociaux et médico-sociaux de l'Université de Montpellier (6 000 euros) ; le Management stratégique des services et établissements pour personnes âgées de l'université Paris Dauphine (7 200 euros), le Master 2 Management des organisations sociales, IAE de Caen (6 831€ avec le Plan de formation ou le CIF : 4 489 € à titre individuel).
Pour l'heure, le Cafdes se maintient bien avec un nombre d'inscrits en première année relativement stable depuis cinq ans et une montée progressive de la VAE. Toutefois pour exister dans ce champ concurrentiel, le cabinet Geste recommandait « son intégration ou son articulation avec un cursus type Master 2 universitaire ou d'un groupe d'écoles de gestion de type MBA spécialisé. Une voie peut-être pour sortir de la concurrence Cafdes/Master et construire des parcours de formation plus riche ?