Carole Bras, directrice marketing de Nestlé Health Science.
Carole Bras, Nestlé Health Science
Qui êtes-vous Carole Bras ?
Je suis Directrice marketing de Nestle Health Science depuis 5 ans, et dans le groupe depuis presque 20 ans. J'y ai notamment développé une expertise RSE en pilotant l'initiative « Herta s'engage » qui m'a permis de travailler avec de nombreux acteurs de la filière et de toucher du doigt cette chaîne de valeurs. Chez Nestlé, nous développons beaucoup d'initiatives basées sur la Creating Share Value, qui consiste à créer de la valeur avec l'ensemble des acteurs, en pensant l'alimentation différemment. Cet engagement m'a passionnée et c'est naturellement que j'ai souhaité rejoindre la branche santé de Nestlé. Mon parcours est atypique. Je ne suis pas issue du monde de la santé mais je lui apporte un regard neuf avec une expertise métiers forte issue de mon parcours. J'ai aussi une sensibilité sociétale, au coeur même de la mission d'une entreprise comme Nestlé Health Science. Et c'est ce qui m'anime.
Comment agissez-vous aujourd'hui ?
En tant qu'acteur de la santé, Nestlé lutte contre la dénutrition. 2 millions de personnes sont dénutries en France, dont la moitié sont des personnes âgées. Cet enjeu sociétal a des conséquences humaines très importantes. 40% des personnes âgées sont hospitalisées pour des causes de dénutrition. L'alimentation est un élément majeur de la qualité de vie des personnes âgées. Notre rôle est d'apporter des solutions très concrètes en accompagnant les professionnels de santé mais aussi les patients et les aidants. Les compléments nutritionnels oraux facilitent cette prise en charge. Pour les rendre les plus agréables possibles, nous menons beaucoup de travaux autour du goût et de l'appétence des personnes âgées sur certaines galéniques comme les desserts. Il s'agit de proposer des produits proches des habitudes de consommation traditionnelles.
Passé un certain cap, on sait que les maux liés à la dénutrition sont irréversibles.
Oui et la prise en charge est souvent trop tardive. Nous avons beaucoup travaillé sur la prévention, une occasion de mieux connaître la personne âgée, dans ses multiples facettes, dans sa complexité. Les besoins en protéines augmentent avec l'âge et il faut se battre contre l'idée reçue qu'en vieillissant, il faut réduire ses rations de protéines, ou de viande parce qu'on se dépense moins. On doit aussi s'adresser à une personne âgée en fonction de son cycle de vie et non de son âge. Comment se perçoit elle ? Fait-elle ses courses seule ? Son rapport à l'alimentation est largement teinté de son état émotionnel, physique, psychologique. Ses attentes vont donc évoluer en fonction de cette courbe de vie et de ses besoins.
Quelles réponses proposez-vous ?
Une réponse médicale bien sûr puisque c'est notre expertise. Mais nous agissons aussi de plus en plus autour de la prévention. Nous avons ainsi développé une gamme enrichie en protéines et adaptée aux besoins des seniors, vendue en pharmacie sans prescription médicale. Il s'agit de produits du quotidien (soupes, boissons...), gourmands et faciles d'usage. Chaque portion apporte 10g de protéines. Ces produits sont conseillés par les pharmaciens, qui bénéficient de la confiance de la personne âgée et ont la capacité d'établir un dialogue autour de l'alimentation pour agir précocement.
Est-ce qu'une femme vous a particulièrement inspirée ?
Oui et d'ailleurs chez Nestlé on encourage ce type d'échanges et de rencontres. J'ai récemment pu discuter de manière informelle avec la directrice générale de Nestlé Health Science aux États-Unis, Anna Mohl. Elle a une véritable personnalité : brillante, accessible, à l'écoute, qui partage volontiers son parcours, ses challenges professionnels mais aussi des aspects plus personnels comme ses contradictions de maman. Ce type de rencontres est déterminant pour moi car cela rend le chemin possible. Son parcours fait sens, elle est très inspirante et cela m'énergise beaucoup ! Anna Mohl vient d'ailleurs de prendre une position clé au sein de notre organisation, preuve de son talent et des possibilités offertes aux femmes dans notre groupe comme dans le monde de la santé.
Quelle est l'urgence aujourd'hui ?
Changer notre regard sur le grand âge. Sortir des caricatures trop souvent véhiculées. Considérer les seniors comme des individus et des citoyens à part entière permettrait d'envisager des schémas différents, des structures de prise en charge plus inclusives, plus intergénérationnelles. Il y a beaucoup d'initiatives dans ce sens mais elles ne sont ni uniformisées, ni assez puissantes. Pour cela, il faut une volonté politique forte. J'espère que la future loi Grand âge le permettra.