Il existe une catégorie importante de « chuteurs » dont la peur est inhibante et parfois autoréalisatrice.
Casser le cercle vicieux « qui a chuté chutera »...
« À ce jour, aucun outil ne montre une meilleure précision prédictive du risque de chute que la simple question : êtes-vous tombé dans les 12 derniers mois ? », écrit Arnaud Brossat dans sa thèse de médecine de 2021[1] - c'est au demeurant ce que recommande la Haute Autorité de santé sur l'évaluation et la prise en charge des personnes âgées faisant des chutes répétées (2008). Le médecin y a analysé le cas de 131 personnes âgées hospitalisées à l'hôpital de Mâcon pour chute à domicile. Conclusion : des réactions d'adaptation posturale inadaptées, un mauvais équilibre statique et, peu étudié, un flexum de genou, c'est-à-dire un blocage du genou en position plus ou moins fléchie.
Alors, la fracture du col du fémur comme grande pourvoyeuse d'entrées en Ehpad ? Cela reste vrai, mais les choses ne sont pas si simples... sans que soit évalué le mécanisme de la chute responsable de la fracture. Car au fil des recherches, l'intrication est apparue évidente entre le déclin des capacités fonctionnelles, les troubles de l'équilibre, les déficits sensoriels et la peur de tomber (souvent une prophétie autoréalisatrice) : c'est le syndrome post-chute (post-fall syndrome) décrit il y a 40 ans, par deux gériatres anglais John Murphy et Bernard Isaacs. En France, l'équipe de gériatrie du CHU de Dijon a étudié le « syndrome de régression psychomotrice », affiné ensuite en syndrome de désadaptation psychomotrice. Avec sur le pont de la prise en charge : médecins, kinésithérapeutes, psychologues, soignants, tous formés à la gériatrie. Une multidisciplinarité hélas difficile à réunir hors hôpital ! Pourtant l'enjeu est de casser le cercle vicieux vers la dépendance, l'inhibition à la marche.