Dans le n° 18-mars 2012  711

Chronique de Pierre Parneix : " Prudence : temps couvert ! "

Lorsque le 29 novembre 1857, dans la ville bavaroise d'Ansbach, le Docteur Ferdinand Escherich devient l'heureux papa du petit Theodor il ne se doute pas que son rejeton va transformer le patronyme familial séculaire en la plus populaire bactérie du tube digestif.

Toutefois il ne connut pas de son vivant cette évolution inattendue car ce n'est qu'un an après son décès que le jeune Theodor Escherich décide en 1881 d'étudier la flore digestive des enfants. Il y décrit pour la première fois, via son microscope, 19 espèces bactériennes dont de façon détaillée en 1885 : Bacterium coli commune. Ce dernier devint Bacillus coli en 1895 avant d'être enfin baptisé Escherichia coli en 1958, près d'un demi siècle après le décès de son découvreur. Heureusement cet enseignant hors pair n'attendit pas cela pour être reconnu et de son vivant fut nommé " Hofrat " (conseiller de la cour) par l'Empereur Franz Joseph dont il partagea souvent la table.

Si Escherich est considéré comme le premier pédiatre infectiologue, force est de constater que nous hébergeons tous, tout au long de notre vie, une quantité majeure de sa découverte avec laquelle nous vivons en plus ou moins bonne harmonie selon les circonstances. Dans l'enquête européenne HALT 2010 de prévalence des infections associées aux soins en EHPAD, les résultats français montrent que E. coli est responsable de 57% des infections dont l'origine microbiologique a été identifiée et ce pourcentage grimpe à 75 si on se limite aux infections urinaires. On sait aussi qu'une des fortes préoccupations de la microbiologie du XXIème siècle est l'augmentation des souches d'E. coli mutltirésistantes aux antibiotiques. Cette bactérie est désormais le leader national incontesté des entérobactéries porteuses de Béta-lactamases à spectre étendu avec une diffusion qui touche aussi bien la communauté que les institutions.

Une étude chinoise récente, faites dans des chambres de patients déments ou très dépendants, illustre bien ce nouveau péril fécal. En effet, en prélevant de façon régulière l'air à proximité du lit des patients, ils ont identifié une quantité impressionnante de souches d'E. coli dans l'environnement aérien de la chambre. L'incontinence et autres pathologies digestives sont des facteurs accroissant cette dissémination. Tant et si bien que le concept de " nuage fécal " est désormais d'actualité. La découverte de ce nouvel aléa climatique laissera surement dubitatif les spécialistes du développement durable mais toujours est-il que les institutions doivent sérieusement y songer. La gestion des excréta doit donc être une préoccupation première de l'organisation des soins et de la vie quotidienne. L'usage de lave-bassin en est une composante indispensable car, tout en supprimant une tache contraignante et peu valorisante, il permet d'éviter la dissémination des " descendants multirésistants " d'Escherich sur les tenues de travail et dans l'environnement.

Et vous quelle est votre stratégie pour lutter contre le péril fécal ?

En savoir plus :

http://www.cclinparisnord.org/Guides/FT7_Excreta.pdf

http://www.invs.sante.fr/content/download/21829/128110/version/1/file/rapport_infections_ehpad.pdf

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