Le CIAS du Grand Dax pilote des services de maintien à domicile (SAD) aux personnes âgées pour 20 communes. Face à un doublement prévu de la population âgée de plus de 75 ans d'ici à 2040, Laurent Dubois, directeur, raisonne en termes de concertation, formation des équipes et coordination.
CIAS : entre mutualisation réussie et démographie galopante
L'agglomération du Grand Dax compte 20 communes et 56?000 habitants. Sur ce territoire 30 % de la population est âgée de plus de 75 ans... en attendant les 21 % prévus en 2040. En l'absence de CLIC (Centre local d'information et de coordination gérontologique), de coordination et réseau gérontologique, les élus du Grand Dax ont réparti les périmètres, misé sur la concertation et l'anticipation. Depuis 2009, c'est donc le CIAS (Centre intercommunal d'action sociale) qui assure les services d'aide à domicile (SAD) aux personnes âgées. Les CCAS (Centre communal d'action sociale) eux gardent la responsabilité des Ehpad.
À l'origine de cette répartition, la loi de 2001 qui imposait aux services à domicile un cahier des charges applicable en 2009, « Une dizaine de communes avaient leur propre SAD, les autres travaillaient avec les structures associatives. Seul le SAD de Dax était prêt à répondre au cahier des charges..., résume Laurent Dubois, directeur du CIAS. Il fallait donc, en concertation avec tous les acteurs, mutualiser et obtenir l'agrément, tout en assurant la continuité du service public et en maintenant la proximité avec les bénéficiaires. » Cette mutualisation faisait écho à la transformation, en 2007, de la communauté de communes du Grand Dax en communauté d'agglomération, puis au transfert de la responsabilité sociale - et les ressources ad hoc - à la communauté d'agglomérations.
Publics ou privés, les SAD font face à une demande croissante. « Nous avons un solde migratoire positif, explique Laurent Dubois. À l'augmentation démographique naturelle s'ajoute l'arrivée d'une population non landaise : curistes, estivants... lesquels, séduits par la région, décident de s'y installer pour leur retraite. Cette population ne dispose pas d'aidants familiaux proches et n'a pas en arrivant de réseaux constitués, contrairement aux habitants de longue date du territoire. »
«?Nous sommes en veille sur les personnes fragiles?»
Les nouveaux dossiers concernent un public de plus en plus dépendant, demandeur de plus d'aide. Le CIAS, qui instruit sur son territoire les demandes d'aide d'APA (allocation personnalisée d'autonomie) a par ailleurs vu le nombre des bénéficiaires augmenter de 27?% en 4 ans...
Pour répondre à cette demande, le CIAS propose un bouquet de services, défini avec les CCAS et les associations de SAD. 1 200 bénéficiaires différents, utilisent entre une et cinq prestations parmi les suivantes :
- services à domicile : aide-ménagère, auxiliaire de vie, garde de jour. En 2013, le CIAS du Grand Dax devrait assurer 155 000 heures de prestation (contre 126 000 heures en 2008).
- portage de repas : 49?000 repas livrés à l'année à 300 personnes, avec 5 livraisons par semaine (les repas des samedis et dimanches sont livrés le vendredi). « C'est un choix politique : avec 5 passages par semaine, nous sommes en veille sur les personnes fragiles et isolées, argumente Laurent Dubois. Le livreur discute quelques minutes, ouvre le frigo, regarde si la personne a mangé... » Une liste d'attente existe depuis peu.
- téléalarme : 800 bénéficiaires. le CIAS s'appuie sur le service du Conseil général.
Terminal, flash, signature électronique
Pour assurer la qualité, le CIAS se veut en mouvement permanent. Des exemples ? La création de 4 postes de référents sociaux, qui vont au-devant des bénéficiaires, effectuent une première évaluation, travaillent sur les parcours de vie, tissent des liens avec les communes. Ou en 2013, la mise en place d'un système de télégestion?: terminal, flash, signature électronique,... la comptabilité des heures est simplifiée. L'encadrement des intervenants a également été renforcé. «?Une équipe doit compter au maximum 20 agents, précise le directeur du CIAS. Ainsi, nous pouvons monter des groupes de travail participatifs et être à l'écoute des demandes. Dans un contexte où la durée d'hospitalisation est en baisse et la création de structures quasiment terminée, les auxiliaires de vie découvrent la fin de vie à domicile, la maladie d'Alzheimer... » Il faut donc former, préparer, réassurer des équipes qui ont souvent, en l'absence d'existence de diplômes, commencé sans formation.
Parallèlement le CIAS multiplie les partenariats (associations de services à domicile, SSIAD, services du Conseil général...) et va à la rencontre des communautés voisines.
Le doublement à venir de la population questionne. «?Quels services, quels moyens ?, s'interroge Laurent Dubois. Nous avons du mal à recruter du personnel qualifié alors même que les formations existent localement. Face à la maladie d'Alzheimer et à l'évolution du nombre de personnes handicapées vieillissantes, il faudra de plus en plus de qualification... »
La question du budget est tout aussi cruciale. Actuellement le Conseil général finance 50?% des services au titre de l'APA. La CARSAT, les mutuelles, qui se désengagent progressivement, les bénéficiaires sont les autres contributeurs. Toutefois, le budget ne s'équilibre pas face à un coût moyen d'une heure d'aide à domicile de 24 €. Les 4 € manquants sont financés par une subvention de fonctionnement de la communauté d'agglomérations (660?000?€ en 2013). Ce montage pourra-t-il résister à la démographie croissante??
Enfin, une autre ombre pèse sur le territoire?: l'absence de coordination. « Nous avons besoin d'une structure avec une vision "haute", reconnaît Laurent Dubois. Le CIAS pourrait être cette structure fédérative, dans un esprit de coopération et de discussion. Nous allons solliciter le Conseil général sur le sujet. »