Ancien ministre de la Santé et ancien Directeur général de l'Agence régionale de santé Ile-de-France, Claude Évin est aujourd'hui avocat au barreau de Paris.
Claude Évin : « La capacité d'adaptation de notre système doit être saluée »
Quel regard portez-vous sur la gestion de la crise sanitaire liée au Covid-19 ?
Cette crise est extraordinaire au sens littéral du terme. Son impact mondial, son évolution, la prise en soins des personnes contaminées obligent à une adaptation de notre système qui, face à des difficultés inimaginables, fait preuve d'une capacité d'adaptation remarquable. Nous devons saluer le travail des établissements de santé, des structures médico-sociales, des administrations et bien évidemment de l'ensemble des personnels. Lors du retour d'expériences, nous considérerons peut-être que telle ou telle décision aurait pu être prise différemment mais il faudra être conscient que personne n'avait pu mesurer ni l'ampleur, ni les conséquences de la pandémie.
Cette crise est survenue en plein débat parlementaire sur la réforme des retraites. Sur ce sujet, quels doivent être les points d'attention et de vigilance, particulièrement au regard de la pénibilité ?
Un système par points permettra de mieux prendre en considération l'ensemble des situations professionnelles, quel que soit le statut des personnels. Car le défaut de notre système actuel est d'entretenir une différence de traitement en prenant en compte le statut des personnels et non la réalité de leurs conditions de travail qu'on soit par exemple dans la fonction publique et dans le secteur privé. Des mesures ont été annoncées par le Premier ministre concernant la fonction publique, il faudra aussi que les salariés du secteur privé en bénéficient dans le cadre des différentes conventions collectives. Lla prise en considération de la pénibilité doit être possible quel que soit le statut. C'est l'objectif qu'il faut poursuivre.
Enfin, s'agissant du futur projet de loi Grand âge et autonomie, quels devront être les sujets à traiter en priorité ?
Nous avons besoin d'un certain nombre de mesures législatives et réglementaires pour développer différents types de prises en charge, notamment à domicile. Mais au-delà de cette question, deux sujets sont majeurs : d'une part, la revalorisation des métiers - le Président de la République a évoqué un plan massif d'investissement pour les hospitaliers mais il faut étendre cet effort au secteur social et médico-social -, et d'autre part, la rénovation du patrimoine immobilier des Ehpad, avec dans certains cas des reconstructions d'établissements. Mais ces mesures nécessiteront des financements qui devront être réexaminés suite à l'impact de la crise sanitaire sur notre économie.