Dans le n° 164-novembre 2024  - Nutrition  17247

Collation nocturne : pour dormir ou se rendormir

À défaut de retarder l'heure du dîner pour raccourcir le jeûne nocturne, de nombreux Ehpad ont adopté la collation nocturne, à la demande... ou au besoin.

Les troubles du sommeil font partie du cortège des risques d'un jeûne nocturne trop long, c'est-à-dire lorsque le délai séparant le dîner du petit-déjeuner dure au-delà de 12 heures. La spirale de la dénutrition et de la sarcopénie peut alors vite s'enclencher.

Or, une enquête de l'Institut national de la consommation (INC) sur l'alimentation en Ehpad vient de le confirmer : le dîner est en général servi entre 17 et 18 h 30, principalement de 18 h à 18 h 30 et le petit-déjeuner entre 7 h et 10 h 30 avec un pic entre 7 h 30 et 8 h 30. Résultat ? Dans 75 % des cas, le jeûne de 12 heures maximum pendant la nuit n'est pas respecté.

12 heures ? Cette recommandation remonte aux travaux pionniers sur la nutrition de la personne âgée du professeur de gériatrie Bruno Lesourd, « l'un des pères du bien-vieillir », a écrit de lui Le Quotidien du médecin. Un livre qu'il avait coécrit en 1996 est cité en référence dans un arrêté ministériel du 26 avril 1999[1]. Aujourd'hui, les 12 heures sont toujours un totem.

D'ailleurs, dans une question écrite du 4 juin à Catherine Vautrin, le député socialiste Jérôme Guedj lui demande de faire respecter cet arrêté. Il déplore, en effet, que la durée du jeûne nocturne soit majoritairement supérieure à 13 h pour « des raisons organisationnelles et financières » : la relève du soir ayant en général lieu à 20 h, les résidents dînent à 18 h et parfois même à 17 h. Il voit une solution en « l'instauration d'une collation nocturne avant coucher ».

« Parce qu'ils ont faim, tout simplement ! »

En effet, les dépenses énergétiques nocturnes sont souvent sous-estimées : environ 10 kcal/Kg de poids/nuit de sommeil soit 700 kcal pour un résident d'environ 70 kg, plus en cas de jeûne prolongé... « Les résidents ont du mal à s'endormir ou bien se réveillent parce qu'ils ont faim, tout simplement ! », résume Carole Villemontex, directrice du Centre ressource nutrition (Cerenut), créé en 2022 sous l'impulsion de l'Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine. « Sans compter que le dîner suit souvent de trop près le goûter, moins des 3 heures recommandées, et qu'ils dînent sans grand appétit », souligne-t-elle. En outre, les équipes font dîner d'abord les personnes les plus dépendantes qui ont besoin d'aide... « l'amplitude horaire entre le dîner et le petit-déjeuner est encore majorée ».

Autre souci : la prise de médicaments en début de repas, ce qui coupe l'appétit (par exemple mélangés dans une compote sucrée...) ou de somnifères qui font somnoler avant le coucher.

Amélioration de la qualité de vie

Mais retarder l'horaire du dîner, plutôt vers 19 h ou avancer l'horaire du petit-déjeuner à partir de 7 h demande de repenser totalement l'organisation, avec le casse-tête de l'espacement de 3 heures entre les repas, donc de plus en plus d'Ehpad adoptent l'alternative de la collation nocturne - les enquêtes-flash des ARS vont dans ce sens...

Le Cerenut a d'ailleurs actualisé fin 2023 pour ses adhérents une fiche-conseil (n° 14) sur cette collation nocturne qui « est servie à la demande », précise sa directrice. La systématiser provoquerait un important gaspillage alimentaire...et obligerait à réveiller les résidents ! Les Ehpad la réservent donc aux résidents qui en font la demande, quelle que soit l'heure de la nuit, ou sont repérés « en activité » lors des rondes. Par ailleurs, certains résidents sont ciblés comme en ayant régulièrement besoin - dénutris, Alzheimer déambulants, présentant des hypoglycémies matinales... La collaboration entre équipes de jour et de nuit est évidemment indispensable.

« Les résultats en termes d'amélioration de la qualité de vie pour les résidents sont considérables », conclut la fiche-conseil.

08/11/2024  - Du 12 au 19 novembre

5e édition de la Semaine nationale de lutte contre la dénutrition

La dénutrition est une maladie insidieuse qui touche plus de 2 millions de personnes en France, de l'enfant en situation de handicap, à la personne âgée en perte d'autonomie. RDV pour une semaine de sensibilisation du 12 au 19 novembre 2024.
07/11/2024  - Hygiène

Jasper, un serious game pour prévenir les infections respiratoires

Il est destiné à tout professionnel exerçant dans un établissement médico-social ou dans un service hospitalier à vocation gérontologique.
01/11/2024  - Plainte

Différencier le temps passé au lit et le temps de sommeil

« Je dors mal », « j'ai des insomnies », 40 % des personnes âgées de plus de 75 ans se plaignent de leur sommeil. Pour la spécialiste Sylvie Royant-Parola, quand ce n'est pas pathologique, il faut regarder du côté des habitudes de vie.
01/11/2024  - DOSSIER Préserver le sommeil des résidents

Respecter le sommeil des résidents

Sujet délicat s'il en est, le sommeil est un thème particulièrement sensible chez la personne âgée, dont les besoins évoluent au fil des ans. Comment l'institution peut-elle s'organiser pour préserver ce sommeil et ainsi éviter les réveils intempestifs délétères à un repos de qualité ? C'est le dossier du mois.
01/11/2024  - Pathologies oculaires

L'urgence d'un dépistage visuel précoce pour préserver l'autonomie

Les pathologies oculaires chez les personnes âgées vont bien au-delà des simples troubles de la vision nécessitant le port de lunettes. Un diagnostic précoce est essentiel pour éviter une détérioration irréversible de la vue, et préserver ainsi leur autonomie.
01/11/2024  - HAS

Evaluation des ESSMS : des précisions méthodologiques sur la cotation

Une fiche publiée par la HAS vise à préciser les modalités de mise en application du système de cotation et harmoniser les pratiques des organismes évaluateurs.
31/10/2024  - Domicile

Nouvelle aide de la Cnav pour favoriser l'alimentation et la marche

L'Assurance retraite propose aux retraités « Bien dans son corps, bien dans son assiette », une nouvelle prestation des plans d'aide à domicile Oscar.
31/10/2024  - Etude

Gériatre aux urgences : une plus-value confirmée

La thèse de médecine du Dr Elodie Reynier met en lumière les avantages médicaux et économiques de la présence d'un médecin gériatre aux urgences.
18/10/2024  - Santé

Personnes handicapées vieillissantes : les fiches-conseils de Coactis Santé

Elles proposent aux professionnels de santé des informations et conseils pratiques sur le suivi global d'un patient vieillissant en situation de handicap.