Ces deux derniers mois, nous avons vu combien la crise de la Covid avait remis en avant les enjeux d'une société du care. Au-delà des aspects traitant du sens, de la prise en considération de l'autre, du fragile, c'est aussi un enjeu concret de travail et de soutien aux professionnels comme aux aidants.
Covid, care, virage domiciliaire : quand une transition en cache une autre
Mais ce retour du care se pratique dans un cadre où la société, et les gouvernements, privilégie le domicile. De ce fait, il importe de penser les liens, et les passerelles entre les différentes formes d'habitat, les ponts entre ces habitats et les maisons de retraite médicalisées, la continuité entre la vie chez soi et les services à la personne comme les services de soin à domicile.
Reste à redire combien le lieu et les manières d'habiter ont des effets très sensibles sur la santé des personnes. Le logement joue sur la santé des personnes. Y compris sur la santé mentale. Rappelons aussi qu'avec le vieillissement de la population en générale, et plus particulièrement celui des publics populaires, dont l'espérance de vie est plus réduite et plus encore l'espérance de vie sans incapacité physique ou mentale importante, le logement apparait comme devant, d'autant plus, être abordé sous l'angle du soutien en santé. Et d'abord sur celle des plus fragiles. C'est en cela qu'il est particulièrement important que des acteurs agissent auprès et avec les classes populaires, comme les bailleurs sociaux, les communes, les associations, le secteur de l'économie sociale et solidaire ou les entreprises locales.
Manque de professionnels et de services de proximité
Sur ce plan, notons que les services à la personne souffrent aussi d'un manque de valorisation des métiers et des personnes qui les assurent. Ce déficit d'attractivité est là aussi, le noeud gordien de toute politique durable de la longévité. Le « virage domiciliaire » risque le tête à queue tant qu'il y aura un tel manque de professionnels de l'accompagnement à domicile [1].
Mais, il importe aussi de prendre en compte les équipements en santé et les professionnels du soin accessibles à proximité du logement. Ou encore de prendre la mesure de la diversité et de la qualité de l'offre de restauration comme des commerces de bouche. Habiter dans un endroit c'est aussi y vivre, s'y nourrir, pratiquer ou non, des activités physiques et de loisirs... Sur ce plan, les collectivités locales, comme les bailleurs sociaux sont, de fait, des acteurs de la santé, de la qualité de vie des habitants, de la prévention... Il s'agit de proposer des services et des activités, du conseil, un accompagnement à la pratique sécurisée de médecines complémentaires, du soutien à l'activité physique...
L'environnement touche aussi à la santé. Les dégradations environnementales ont des effets très directs sur la santé des personnes. Certaines matières, présentes dans les emballages, les aliments transformés, ou encore l'atmosphère sont autant de perturbateurs endocriniens qui génèrent des dysfonctionnements et le développement de maladies chroniques. En ce sens, les enjeux climatiques peuvent aussi se comprendre comme des problématiques du care. Plus largement, le soin mutuel passe bien par l'attention à la planète qui est aussi une manière d'être attentif à la santé de tous. Une autre traduction de la prise en compte du commun.
@Guerin_Serge
Professeur à l'INSEEC GE. vient de publier « Au service de la vie. Les métiers du service à la personne », Fauves éditions, 2021, et, avec V Suissa et le Dr Denormandie, « L'homéopathie en 20 questions », Michalon, 2021. Président de l'A-MCA.