D'abord, interroger le désir
Soin, hébergement et... animation, tels sont les trois piliers sur lesquels s'appuient les EHPAD. C'est du moins le point de vue de Jacques Dupont, directeur d'Agapanthe Formation. On le sait, les animateurs ont plus d'une ressource dans leur sac : atelier pâtisserie ou gymnastique douce, goûter intergénérationnel ou chorale,... Toutefois, avant de choisir l'activité ou d'appréhender la technique nécessaire, Jacques Dupont suggère de se poser une question simple : qu'est-ce qu'animer ? Le spécialiste propose plusieurs réponses. " Animer, c'est d'abord écouter, communiquer, commence-t-il. En effet, les résidents savent mieux que les équipes ce qui est bon pour eux. Il y a beaucoup à faire dans ce domaine de l'écoute car souvent, quand un homme veut aider un autre homme, il imagine ce qui est bon pour lui. La vérité est que ce n'est donc qu'après avoir écouté les hommes, leurs différences au-delà d'une pathologie commune, leurs peurs aussi que l'on peut savoir ce qui est bon pour un résident. Avant tout, il faut interroger le désir de l'autre. "
Une animation doit avoir du sens
Dans cette approche, le projet de vie personnalisé apparaît comme un outil de management. D'ailleurs, selon Jacques Dupont, le projet de vie pourrait faire l'objet de toute l'attention des ARS (Agences régionales de Santé). " Quand on a écouté, on peut mettre en place des projets d'animation adaptés : ateliers poésie, jeux autour des proverbes, stimulation cognitive autour de la mémoire..., poursuit Jacques Dupont. C'est toute la question du sens. Une animation doit avoir du sens pour les participants. Le maintien de l'autonomie passe par là. " Au-delà des moments de convivialité, les enjeux sont importants. La question de la parole, donc de la transmission, fait surface. En effet, un des rôles de la vieillesse est de transmettre qui on a été. Et connaître autrui facilite la création de liens, une donnée importante dans un univers collectif... L'animation permet de réintégrer les personnes dans certains de leurs rôles. " J'invite les équipes à demander de l'aide aux résidents, à leur dire qu'on a besoin d'eux pour créer des objets pour le Téléthon ou simplement mettre la table, précise le formateur. Les outils d'animation ne servent pas à occuper, ils sont d'abord les vecteurs d'objectifs prédéfinis. "
Animer, c'est aussi mettre les résidents dans une dynamique de projet. Une posture difficile quand on a 85, 95 ans... " Quand on ne se projette pas, on ne s'anime pas. Et quand on se projette, la vie prend du sens, résume Jacques Dupont. Préparer un goûter, avoir un rendez-vous, c'est être en mouvement. " Enfin, dans un univers, où beaucoup de choses sont imposées, menus ou horaires, l'animation offre une denrée rare. " Elle permet au résident de choisir ! ", conclut Jacques Dupont. Ce n'est pas la moindre des qualités.
Propos recueillis par M.-S. I.