Plus qu'une fonction, c'est un poste où la question de la posture - la bonne attitude - s'avère essentielle. Explication.
D'infirmier à cadre de santé, quelle posture adopter ?
Le cadre de santé est un acteur important dans l'organisation des structures de soins. Au coeur du triangle médical, soignant et administratif, il peut occuper de multiples postes et mettre en valeur des compétences variées en fonction de son terrain d'exercice.
Choisir d'occuper un poste de cadre ou de directeur, c'est accepter de changer de rôle. Selon Henry Mintzberg, universitaire canadien en sciences de gestion, le rôle se définit comme un ensemble de comportements appartenant à un poste de travail ou une position identifiable.
S'appuyer sur le droit, la déontologie... et l'éthique
Un « juste équilibre » précisément pas si facile à trouver lors de toute prise de fonction. Les cadres de santé exercent en effet leurs missions dans des organisations complexes où de multiples logiques - soignante, financière, d'établissement... - s'entrecroisent. Ils doivent aussi s'adapter à des situations parfois tout aussi délicates : gestion d'un événement indésirable, situation de prise en charge dysfonctionnelle pluridisciplinaire (attentats, pandémie)...
Et cela les confronte immanquablement à des problématiques nouvelles qu'ils doivent mettre en regard des contextes, des contradictions, tout en vérifiant également qu'elles sont cohérentes et en accord avec leurs propres valeurs et celles de la structure. Il est difficile d'exercer son activité sereinement s'il existe un conflit avec les valeurs individuelles : continuité de la prise en charge versus droits des personnels, principe d'égalité des soins versus priorisation des lits d'hospitalisation, optimisation des ressources versus garantie de la qualité et de la sécurité des soins... Ces thématiques ne sont pas antagonistes mais représentent des enjeux ou des partis pris à conjuguer.
Pour exercer au mieux leur fonction, les cadres de santé peuvent donc s'appuyer sur le droit qui fixe des règles nécessaires pour assurer une cohérence aux décisions. Mais la loi, tout comme la déontologie d'ailleurs, si elles donnent de précieux repères dans les situations managériales, ne suffisent pas.
Ainsi ont-ils également tout intérêt à recourir à l'éthique en mettant en application la « sagesse pratique », une notion introduite par le philosophe Paul Ricoeur, qui traduit l'effort de chercher, et trouver, la solution la plus juste face aux conflits de valeurs auxquels ils sont confrontés et qui ne peut être tenable sur la durée.
Plus qu'une fonction, une posture
La fonction de cadre relèverait ainsi plus de la posture que de la fonction en tant que telle. Une posture managériale, d'une part, qui se traduit comme l'attitude d'un manager dans son activité, intégrant sa personnalité et sa propre vision du management. Il doit inspirer respect et confiance, en étant lui-même, et ne pas confondre autorité et autoritarisme. Les notions d'authenticité, de détermination, de communication, de considération et d'équité participent pleinement de cette posture.
Le cadre de santé doit appréhender le soin en termes de produit en y associant une démarche de qualité. La qualité fait partie intégrante du management quotidien du cadre. Il est responsable des ressources humaines mais aussi financières et logistiques de son service dans toutes les dimensions et il doit porter une attention particulière à la gestion de projets.
Diplôme, statut et exercice
Les cadres de santé sont de plus en plus autonomes et assument beaucoup de responsabilités. La formation même des cadres a vécu une mutation et dispose d'une équivalence universitaire. Obtenir un grade de niveau master 1 peut susciter l'envie de poursuivre la formation vers le master 2. Ce dernier diplôme permet incontestablement d'envisager une évolution professionnelle et de faire naître des velléités d'accès à des postes de direction d'établissement.
Bien entendu, il est toujours possible d'exercer la fonction de cadre de santé sans être titulaire du diplôme de cadre. Mais cela ne favorise pas le positionnement de ces professionnels, et ne les aide pas à trouver leur place et la reconnaissance associée, qu'elle soit statutaire ou relationnelle, par l'équipe qu'ils encadrent, leurs pairs ou les directions. Il est donc fortement recommandé de passer le diplôme... ou un master équivalent.
Le management n'est pas qu'une science, une technique. C'est aussi un art qui fait appel à l'intuition, au vécu, à l'expérience, une question d'attitude. Tout comme le soin procède d'un art infirmier, celui de soigner.
Depuis quelques années, le métier de cadre de santé évolue en profondeur pour devenir un ressort et un véritable dynamiseur de carrière avec de nombreux enjeux positifs que sont l'accompagnement des équipes au bénéfice des patients, la participation à l'amélioration de la qualité de prise en soins, le développement de projets. Il permet d'être force de proposition auprès des équipes et de la direction, d'être un leader bienveillant, et finalement de voir le soin sous un prisme différent...