En Gironde, l'EHPAD du Mont-des-Landes met en oeuvre le programme national de prévention des infections associées aux soins. Avec l'aide du DARI (Document d'Analyse du Risque Infectieux), du CCLIN et beaucoup de pédagogie.
DARI mon ami
La circulaire de septembre 2011 sur la prévention du risque infectieux avait provoqué une levée de boucliers. Et un report de l'obligation de remplir le Document d'Analyse du Risque Infectieux (DARI)... Pourtant ici et là, les bons élèves de la prévention ont rendu le DARI obligatoire. C'est le cas dans le réseau Residalya. " Il y a dans notre réseau une volonté de maitriser le risque infectieux, se réjouit Gilles Fournier, directeur de l'EHPAD du Mont des Landes à Saint-Savin (95 résidents - GMP : 730 - Pathos : 209). Donc quel que soit son degré de maitrise de l'infectiovigilance*, chaque établissement a sorti son rapport. "
Ce chimiste de formation, précédemment ingénieur qualité dans le milieu sanitaire, aujourd'hui directeur d'EHPAD, a rempli son DARI en mars dernier. Si le résultat global est satisfaisant, 148 points sur 203, soit 73% de réussite, il révèle des marges de progrès certaines. Ainsi l'item " Gestion du matériel " a-t-il obtenu seulement un 26,6%. Les raisons ? " A titre d'exemple, les infirmières et les AS avaient l'habitude de faire entrer le chariot de nursing dans toutes les chambres, y compris celles des résidents porteurs d'une infection, illustre Gilles Fournier. Nous sommes en train de changer les pratiques, grâce à des actions de formation. Désormais, le charriot reste dans le couloir et seul le matériel utile entre dans la chambre. De plus, le charriot ne transporte que le matériel nécessaire à trois ou quatre chambres, les infirmières le rechargent ensuite à l'infirmerie. " Avec les nouvelles méthodes, exit les charriots fourre-tout et vecteurs de bactéries et bienvenue à la montée en compétences des équipes. Seul point noir à première vue, les pratiques sont plus coûteuses en temps, un temps regagné sur la gestion d'une infection généralisée.
Former les équipes à l'infectiovigilance
Le choix des antiseptiques et antibiotiques, au score bas, a été revu lui aussi. Les équipes ont appris à se demander si le produit utilisé est le plus adapté à la BMR du résident et à se référer aux listes des CCLIN. " Dans le médico-social nous avons peu de moyens humains dédiés à l'hygiène aussi les CCLIN sont une aide fort appréciée ", argumente ce directeur qui a néanmoins recruté un cadre hygiéniste et mis en place des AS référentes en hygiène.
Entre la photo proposée par le DARI, la formation régulière et l'aide du CCLIN, les clés de la prévention du risque infectieux semblent accessibles à tous. Gilles Fournier veut lui aller plus loin et former ses équipes à l'infectiovigilance. " C'est une notion totalement absente des formations d'aide-soignante, fait-il observer. Si quatre ou cinq résidents souffrent d'une diarrhée la même nuit, s'agit-il de réactions aux traitements ou du début d'une gastro-entérite collective ? La maitrise du risque infectieux est vraiment l'affaire de tous ! " Et c'est un expert qui le dit.
* ensemble des mesures spécifiques de surveillance, de prévention et de maitrise des infections nosocomiales