De flore à flore
Professeur de chirurgie à l''Université du Colorado, il est connu pour avoir été le premier utilisateur de Gore-Tex pour remplacer une veine porte chez un patient atteint de cancer du pancréas ou encore pour ses nombreux soutiens aux forces armées et ses travaux sur la défaillance multiviscérale des blessés. Mais concentrons-nous sur sa publication dans le numéro de novembre 1958 de Surgery où l''usage de lavement avec des matières fécales lui permit de guérir 4 patients atteints d''une forme très sévère de colite pseudomembraneuse. L''objectif recherché était de rétablir l''équilibre naturel de la flore perturbée par les traitements antibiotiques ayant conduit Clostridium difficile à proliférer.
Plus connue sous le terme de transplantation fécale cette technique est passée pour beaucoup inaperçue jusqu''à ce que des chercheurs néerlandais lui redonnent des lettres de noblesse en 2013. La méthode est simple. Il s''agit de constituer un pool de donneurs dépistés soigneusement vis-à-vis d''un panel d''infections bactériennes, parasitaires et virales. Le don de selles est collecté le jour de la transplantation et dilué dans 500 ml de sérum physiologique. Le tout est bien agité puis versé dans un flacon avant d''être administré au receveur via une sonde naso-duodénale sur une durée de 30 minutes. Les auteurs précisent que la quantité moyenne de selles instillée par traitement était de 141 grammes, avec un délai moyen de trois heures entre « production et consommation » pour les amateurs de science exacte. Pour aller au-delà d''un possible petit haut le coeur initial, il faut s''intéresser à l''efficacité de la méthode jugée sur l''absence de récidive à 10 semaines. Tous les patients atteints d''infection récidivante à C. difficile ont d''abord reçu un traitement à base de vancomycine puis d''un lavement avant de poursuivre l'un des trois régimes thérapeutiques comparés.
Parmi les 16 patients « greffés », 13 ont guéri dès la première instillation et les 3 autres à la seconde. A contrario seuls 4 des 13 patients traités à nouveau par vancomycine ont guéri et 3 des 13 traités par vancomycine plus lavement. En complément, parmi les patients en échec d'une de ces deux dernières thérapeutiques, 18 ont reçu une greffe ultérieure qui a permis la guérison dans 15 cas. Les effets secondaires sont une diarrhée quasi systématique (94%), des crampes intestinales (31%) ou encore quelques éructations (19%). L'analyse microbiologique montre que la flore intestinale du receveur s'est modifiée en se rapprochant de celle de son donneur avec une augmentation des bactéroides et une diminution de certaines protéobactéries comme les Enterobacter.
Si ces résultats sont des plus encourageants les auteurs mentionnent que beaucoup reste à découvrir tant dans le domaine du don que de la transplantation.
Et vous, que faites-vous pour l'équilibre du microbiote ?