Géothermie, panneaux photovoltaïques, toitures végétalisées, intégration dans le paysage et accessibilité... A Soubise, en Charente Maritime, l'EHPAD Orpéa Le Vigé illustre ce que peut être un EHPAD durable.
De " plain-pied " dans le développement durable
Repères
- Résidence " Le Vigé " Soubise (Charente)
- Groupe Orpéa Directrice Christine EMICA
- 78 places
- 50 places pour les résidents atteints de maladies neurodégénératives de type Alzheimer dont 2 lits d'hébergement temporaire
- 26 places pour personnes âgées autonomes, semi-valides et dépendantes en hébergement de longue durée
- 2 places d'accueil temporaire
- 3 places d'accueil de jour
- Prix de journée : 63 et 69 euros.
Il y a un an, à Soubise, commune résidentielle de 1900 habitants, se trouvait un établissement vétuste, la Résidence Le Châtelet, qui hébergeait 30 résidents. Entre la mauvaise isolation, les chambres à trois lits, la situation en hauteur rendant difficile l'accès en ville... le développement durable était un concept vide de sens pour ses résidents.
Depuis mars 2010, Soubise compte un EHPAD flambant neuf, la Résidence ORPEA Le Vigé, né du transfert, de l'extension et de la médicalisation du Chatelet. Deux options ont été prises par ORPEA : accueillir majoritairement des personnes désorientées et se placer sous le signe du développement durable. Le bâtiment répond à la majorité des cibles définies dans le référentiel Haute Qualité Environnementale (H.Q.E), la maîtrise d'ouvrage les ayant étudiées afin de définir un niveau de prise en compte pour les transcrire en actions sur le chantier. La qualité environnementale du projet a consisté à maîtriser les impacts du bâtiment sur l'environnement extérieur et à créer un environnement sain et confortable. Au programme : écoconstruction et écogestion.
Construit de plain pied, et très accessible aux personnes à mobilité réduite, l'établissement s'intègre dans un paysage rural où les constructions ne dépassent pas un étage. Avec ses nombreuses surfaces vitrées offrant une luminosité naturelle abondante, la construction crée un cadre de vie apaisant. Fait d'ovales concentriques, le plan permet une déambulation naturelle aux résidents. Ceux-ci sont toujours attirés vers la lumière du jour, qui émane soit des trois patios en plein air, soit de l'atrium et de son "jardin" thérapeutique où on cultiver en été fraises, framboises et herbes du jardin... Les bénéfices de cette luminosité sont convaincants. " Des résidents qui étaient très agités dans l'ancien établissement ont retrouvé la sérénité ", remarque la directrice Christine Emica, qui a eu la lourde tâche de gérer la transition entre les deux établissements. D'autant que des lumières douces permettent une déambulation nocturne... Par ailleurs, ORPEA s'est efforcé d'utiliser des matériaux naturels, et trouvés, dans la mesure du possible, à proximité du chantier :
- utilisation de panneaux en bois pour l'ensemble de la superstructure (parois extérieures/ intérieures et charpente de la toiture), fournis par une entreprise des Deux-Sèvres. A noter : ce choix a permis une construction rapide, à peine plus d'un an, et donc moins de nuisances pour le voisinage, qui compte un centre d'accueil pour personnes handicapées, une école et une zone pavillonnaire.
- utilisation "d'éco-matériaux" tels que la laine de cellulose, de chanvre, et dans une moindre mesure de la laine de roche (pour l'isolation de l'enveloppe extérieure). Ce matériaux procurent tous une excellente isolation phonique et assurent ainsi une cohabitation confortable entre les résidents.
500 m² de panneaux photovoltaïques
En ce qui concerne l'écogestion, la Résidence "Le Vigé" répond aussi aux objectifs d'un bâtiment à basse consommation d'énergie et fait largement appel aux énergies renouvelables :
- chaufferie à bois avec relais gaz en cas d'incident
- énergie solaire thermique pour la production d'eau chaude sanitaire ;
- énergie solaire photovoltaïque pour la production d'électricité avec 500 m² de panneaux vitrés photovoltaïques. A noter que le produit de la vente à EDF de l'électricité ainsi produite est estimé à 34 000 euros par an.
De plus, pour accroître ces performances énergétiques et assurer une température constante et agréable, le bâtiment dispose de toitures végétalisées, recouvertes de plantes basses, sorte de toundra résistante aux intempéries et qu'il n'est pas nécessaire d'arroser. " Même cet été, précise la directrice, nous n'avons pas eu besoin de climatisation." Les eaux de pluie sont récupérées, offrant une réserve d'eau de 500 m3, idéale pour arroser les espaces verts qui entourent la Résidence.
Comme il ne saurait y avoir de développement durable sans volet social/sociétal et Le Vigé ne fait pas l'impasse sur ce domaine. A ce titre, les résidents de l'ancien établissement ont été accueillis au Vigé aux mêmes conditions tarifaires, malgré un confort largement supérieur. Autre exemple : il y a quelques semaines, Le Vigé a accueilli les résidents d'un EHPAD voisin fermé par décision administrative. Il a également proposé aux salariés de rejoindre ses équipes : quinze salariés sur les 24 ont accepté. Enfin, entre Beaujolais nouveau et fêtes de Noël, Le Vigé entend bien s'intégrer dans la vie de la commune, d'autant que certains résidents se rendent à leur gré au centre-ville, situé à cinq minutes à pied. Soucieux d'être un véritable lieu de vie, ouvert sur l'extérieur, la Résidence Le Vigé souhaiterait mettre en place des projets d'animations avec le centre d'accueil pour personnes handicapées voisin, et utiliser la dimension écologique de son bâtiment comme support pour faire entrer les habitants dans l'établissement ... et notamment les plus jeunes d'entre eux : " Une classe de CM2 est venue récemment, se réjouit la directrice. Cela a été une vraie fierté pour les résidents de constater que l'établissement suscitent l'intérêt des enfants. "
Ce que l'histoire ne dit pas, c'est qu'en repartant, certains enfants ont décrété que plus tard, c'est au Vigé qu'ils viendraient travailler ! En matière d'énergie la relève est définitivement assurée