La dénutrition ? Un risque aux conséquences lourdes et qu'il faut avoir en tête en permanence. Explications du Professeur Héléna Paillaud, Chef du Département de médecine interne et gériatrie Groupe Hospitalier Albert Chenevier - Henri Mondor, AP-HP (Créteil).
Dénutrition : un ennemi à bien connaître
NB : les EHPAD peuvent adresser en consultation gériatrique ou en hôpital de jour les personnes âgées à risque de dénutrition. Ces structures réalisent un bilan complet de la pathologie nutritionnelle et des pathologies associées et proposent un plan de traitement personnalisé.
La dénutrition est une pathologie très fréquente chez la personne âgée surtout malade ou en perte d'autonomie. Si les études épidémiologiques sont peu fréquentes en EHPAD, la prévalence est bien établie dans le monde hospitalier. " Un tiers des personnes âgées qui entrent à l'hôpital pour une pathologie aigüe sont dénutries, assure le Professeur Eléna Paillaud, Chef du Département de médecine interne et gériatrie à l'hôpital Henri-Mondor. Le taux s'élève à 50% en SSR. " Les causes sont connues : troubles de la déglutition associés aux pathologies neurologiques ou aux problèmes ORL, troubles bucco-dentaires, pathologies lourdes (dépression, cancer,...) altération du goût et de l'odorat liée à l'âge... avec en plus pour les personnes vivant à domicile, l'absence d'aide en cas de perte d'autonomie, l'isolement, et/ou les faibles revenus qui freinent la consommation de viandes et poissons.
Les conséquences de la dénutrition sont sérieuses. " La dénutrition est souvent associée à une maladie tel le cancer ou la maladie d'Alzheimer, poursuit le Professeur Paillaud, et elle diminue les chances de guérison. " Elle entraîne une perte d'autonomie. De la fatigabilité naît une moindre mobilité et donc un risque d'apparition d'escarres. La dénutrition provoque aussi la diminution de la résistance aux infections nosocomiales (infections urinaires, pneumopathie,...), ralentit la cicatrisation des escarres liés à l'hospitalisation, augmente la durée du séjour en hôpital, le coût économique associé et pour finir la mortalité du sujet âgé. Le tableau est sombre mais on peut être optimiste. " La dénutrition est guérissable si elle est bien prise en charge et de façon précoce, résume le Professeur. A l'inverse, quand elle est installée la personne âgée récupère difficilement un état nutritionnel satisfaisant. "
La perte de poids est le premier des indicateurs aussi il convient de le surveiller tous les trois ou six mois. Il faut aussi mesurer l'IMC (Indice de Masse Corporelle) : selon les recommandations 2007 de la Haute Autorité de Santé, un IMC inférieur à 21 est un signe d'alerte pour les personnes âgées de plus de 70 ans. " Le test MNA (Mini Nutritionnal Assessment) est un excellent index composite, il permet de dépister une dénutrition en dix minutes, affirme le Professeur Paillaud. Développé par le CHU de Toulouse il est désormais reconnu de façon internationale. "
Enfin, complément nécessaire mais non suffisant, le taux d'albumine plasmatique qui reflète l'état nutritionnel du patient (ou au choix le dosage de l'albumine dans le sang).