M. Bernard Mercuzot est expert en blanchisserie depuis de longues années. Avec son Cabinet Synhomen, il aide différentes structures à analyser leur fonction linge et à définir leurs besoins. Il assiste également les établissements à mettre en place des projets de blanchisserie, créations ou restructurations.
Dépassionner le débat autour du linge
Dans le secteur médico-social, les établissements ont-ils encore, en majorité, une blanchisserie intégrée ou sont-ils de plus en plus attirés par l'externalisation ?
Ce qui est de plus en plus externalisé, c'est le linge hôtelier et les vêtements de travail. Les établissements gardent encore le linge de résident et éventuellement le linge de ménage. On constate une externalisation de plus en plus forte parce que les établissements ont de moins en moins de moyens financiers pour renouveler leurs installations.
Intervenez-vous souvent quand il y a une décision à prendre ?
Oui, je les aide à faire les choix, et les études économiques qui permettent de démontrer la pertinence du choix, sur le plan économique mais pas seulement. Il faut aussi tenir compte du qualitatif. Cela suppose que l'on ait une connaissance de l'environnement, des prestataires alentour, etc.
Les maisons de retraite isolées souhaitent-elles garder leur blanchisserie, mutualiser ou externaliser le traitement du linge ?
Elles ne souhaitent pas trop mutualiser, sauf si elles s'adressent déjà à un loueur de linge. Les maisons de retraite isolées ont souvent intérêt à conserver l'autonomie complète de leur fonction linge, parce que souvent elles ont de trop petits volumes et des distances trop importantes par rapport au prestataire. Tout dépend du réseau autour d'elles. Plus les distances sont importantes, plus cela impacte le prix. Si l'EHPAD est livré une fois par semaine, cela pose aussi des problèmes... Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte pour faire un choix.
Les nouveaux intervenants sur ce marché peuvent-ils apporter quelque chose ?
Oui, les prestataires vraiment spécialisés sur le linge de résident sont intéressants parce que jusqu'à présent il n'y avait pas d'offre valable. Avant, confier du linge de résident à un loueur de linge ne se passait pas vraiment bien. Aujourd'hui ce n'est plus le cas.
Quand les établissements décident de refaire une blanchisserie quels problèmes rencontrent-ils ?
Le premier problème est le financement du projet. Dans les maisons de retraite, les budgets sont tellement serrés qu'on impacte rapidement les prix de journée et comme ce sont des prix encadrés...
Après, on arrive à réhabiliter des locaux, il n'y a pas trop de problème. Tout dépend de l'état initial.
Peut-on encore faire des blanchisseries intégrées qui ne soient pas aseptiques ?
Non, aujourd'hui nous ne faisons que des blanchisseries aseptiques car la différence de prix n'est pas significative. Les maisons de retraite sont obligées d'appliquer la norme RABC.
Ce qui est aussi très intéressant dans les EHPAD c'est le travail autour de la traçabilité du linge de résident. Cela permet d'avoir des informations et un bon dialogue avec les familles, avec les résidents. Souvent j'insiste, quand on fait une restructuration, pour qu'on puisse s'engager aussi dans une démarche de traçabilité. Cela a un coût mais permet d'obtenir un gain sur la prestation. Le dialogue autour du linge permet de dépassionner le débat qui reste souvent au niveau du conflit. La traçabilité permet un dialogue sur des bases concrètes et objectives.