Depuis janvier, les directeurs de la fonction publique hospitalière (DH, D3S, DS) dispose d'une commission des conditions de travail, un lieu d'analyse et de proposition pour la prévention des risques liés à l'exercice professionnel. Pour les syndicats de directeurs d'établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux (D3S), cette instance est bienvenue pour des professionnels aujourd'hui désabusés, en perte de repères.
Des directeurs à la recherche du sens perdu
Michel Rosenblatt, secrétaire général du Syncass-CFDT
" La situation des EHPAD publics empire chaque année. Toutes les économies possibles à faire ont été faites ! Les limites ont été atteintes. Le risque est aujourd'hui celui d'une décompensation totale. Le directeur d'EHPAD a un rôle d'entrainement dans sa structure. Sa première mission est d'augmenter la qualité de la prise en charge des résidents et non d'éviter la casse. Les chefs d'établissement expriment une réelle lassitude. C'est devenu presque normal que ça aille mal. Les directeurs et les équipes de direction sont en souffrance, car la possibilité d'un management éthique et responsable se trouve compromise par les arbitrages imposés, ne leur permettant plus de bien faire leur travail. Nous réclamons une Charte de l'éthique et du management, précisant les conditions d'exercice, le cadre éthique et la responsabilité. Le syndicat souhaite également la définition d'une procédure d'alerte sur les situations individuelles et collectives critiques, en prévention des risques psycho-sociaux dans le cadre de la commission des conditions de travail. "
Jean-Pierre Ouhlen, secrétaire général adjoint du CH-FO
" Le plan d'économies des dépenses de l'Assurance Maladie impactera forcément et durement le secteur médico-social où 850 millions d'économies sont envisagés. Certains EHPAD qui sont confrontés à une diminution des taux directeurs de la part des conseils départementaux, ne peuvent même plus assurer la reconduction ni la couverture du GVT*. Les collègues directeurs ont le sentiment fâcheux de faire les frais des antagonismes parfois criants entre les services de l'Etat et les départements. Pire, de servir de variable d'ajustement des politiques publiques. Les conditions d'exercice des chefferies d'établissement se dégradent. Les directeurs sont pris en étau entre des exigences qui pèsent sur eux en termes de qualité des prestations et des responsabilités qui ne diminuent pas ! Un certain nombre de départements incitent les établissements à entrer dans la déshabilitation partielle à l'aide sociale. Cela impactera sur les politiques d'admission des résidents en EHPAD. C'est une pression supplémentaire sur les épaules des directeurs et c'est incompatible avec l'éthique d'un corps de direction de la fonction publique. Il y a aujourd'hui des résidents qui quittent leur EHPAD car ils n'ont plus les moyens. Cela va à contresens des valeurs, des principes, de l'engagement des directeurs d'EHPAD de la fonction publique hospitalière et c'est générateur de risques psycho-sociaux pour les chefs d'établissement. La menace est grande à court ou moyen terme qu'un directeur à bout de souffle se livre à un geste inconsidéré. "