Ce qui interpelle dans le mouvement des gilets jaunes, c'est la présence de nombreuses femmes. Non pas dans les émeutes qui ont frappé Paris et certaines grandes villes, mais sur les ronds-points, en province, là où tout a commencé. Retraitées, mères de famille, parfois seules à élever leurs enfants, elles sont le signe visible que ce mouvement a quelque chose de profond, de très incarné.
La fiscalité punitive sur l'automobile touche en premier lieu les personnes les plus précaires en province. Parmi celles-ci des femmes, souvent actrices de la solidarité au quotidien que cela soit dans un cadre bénévole ou professionnel (infirmière, aide-soignante, auxiliaire de vie...), à domicile ou bien en institution.
Vous voyez où je veux en venir... Ces femmes nous les connaissons?! Car beaucoup travaillent en EHPAD. Or, comme nombre de professionnels, Géroscopie, son équipe de rédaction, ses contributeurs alertent sur l'épuisement des équipes. Le nombre d'accidents du travail en EHPAD, supérieur à celui du BTP, en dit long sur les défis à relever.
L'incapacité à recruter de nouveaux salariés, à fidéliser ceux qui sont en poste, présage d'une situation explosive en termes de qualité de vie au travail des salariés et de bientraitance des résidents. Le turn-over des directeurs, dans certains segments de marché, est stupéfiant. Deux raisons majeures à cela?: une inadaptation de l'offre à l'évolution de la demande, en clair des établissements trop petits pour gérer des personnes âgées en perte d'autonomie croissante et en fin de vie, une bureaucratisation démente du métier de directeur qui enlève le sens même de cette profession.
Si une loi sur la dépendance voit le jour en 2019 et consiste à trouver de l'argent suite à un débat purement technocratique et financier, sans revisiter le modèle et le sens même de nos établissements, cette loi est vouée à l'échec. Or le temps presse. Depuis de nombreuses années, les EHPAD sont la cible de reportages dévastateurs et d'un désamour inquiétant dans le grand public.
En ligne de mire de ces campagnes on trouve, souvent pour des raisons idéologiques, le secteur privé lucratif. Or celui-ci a incontestablement apporté sa contribution à la prise en charge des personnes âgées depuis des décennies. Mais le débat n'est plus là. Désormais, que ce secteur le veuille ou non, il est en première ligne pour apporter des réponses?: sur l'évolution du modèle, le sens à lui donner, sur l'accompagnement social de ses salariés, sur la bientraitance des personnes âgées. Tout simplement sur la recherche du Bien commun. Il en va de l'avenir de tout le secteur et de la pérennité du secteur privé lucratif.