Et si la lutte contre la dénutrition des personnes désorientées passait aussi par l'autonomie et la concentration des résidents ? Vaisselle bleue ou service au plat, le groupe Médica cherche de nouvelles recettes.
Des idées savoureuses
Prévenir la dénutrition, c'est d'abord favoriser la prise alimentaire. C'est du moins l'avis du groupe Médica, qui multiplie les initiatives dans ses unités Aloïs *.
Il y a d'abord la vaisselle bleue, récemment mise en place dans l'unité Aloïs de l'EHPAD La Rimandière à Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône). Un choix original que le Dr Didier Armaingaud, directeur médical et qualité du groupe, argumente aisément. « Le projet découle de la démarche Montessori dans laquelle les établissements sont engagés depuis plus d'un an, explique-t-il. La démarche vise à favoriser l'autonomie des résidants, une autonomie qui se décline aussi au moment des repas. Les résidants désorientés sont vite déconcentrés aussi, pour les aider à se concentrer, nous avons travaillé sur l'environnement de l'aliment. L'assiette bleue se remarque et elle ressort bien sur une nappe blanche. La couleur est aussi une réponse aux déficiences visuelles, dont le rôle dans la dénutrition est bien souvent sous-estimé. » À noter que les assiettes ne cassent pas et semblent être en porcelaine, que la nappe n'a pas de fioritures car celles-ci détourneraient l'attention du résidant.
Qu'en est-il des couverts ? « Les couverts adaptés aux handicaps sont très souvent de couleur, et rappellent généralement ceux conçus pour les enfants, répond le directeur médical. Nous avons donc opté pour un modèle de couverts ergonomiques plus sobre, à manche noir, avec une forme et une taille adaptée. »
Tous à table
À la résidence de Neuilly-Plaisance (Seine-Saint-Denis), on a testé d'autres méthodes pour maintenir la concentration. Dans l'unité Aloïs, on a troqué le service à l'assiette contre un service à table en plat. De plus le soignant prend son repas assis à une table avec trois ou quatre résidants. Plus d'assiettes qui passent sur le côté ou sous les yeux, plus d'allers-retours de soignants autour des tables, ou de conversations au-dessus des têtes... autant de distractions qui peuvent donner envie aux personnes désorientées de se lever. Tel un parent, le soignant va chercher les plats au fur et à mesure du repas, il aide à couper la viande... Ce repas comme à la maison donne des résultats étonnants. « Les résidants restent à table et mangent, par mimétisme, s'exclame le Docteur Armaigaud. La nouvelle configuration semble activer la mémoire procédurale. Ainsi, les résidants retrouvent des comportements sociaux : ils passent le plat à leur voisin, orientent la cuiller vers lui. »
S'ils passent plus de temps à table, les résidants mangent-ils davantage ? Pour transformer une impression en chiffres, le directeur médical entend lancer bientôt une étude sur la quantité de repas ingéré.
* Unités Alzheimer